Pour l'homme qui a tout mis sous le signe de la rigueur obstinée, la critique du langage ne pouvait que s'imposer comme un passage obligé.
Si sa recherche sur le langage possède son autonomie propre, elle a également sa place dans le contexte plus large du système et de l'analyse de l'esprit. Valéry qualifie ainsi sa réflexion sur le langage : « Essai sur la valeur vraie du langage comme instrument de l'esprit quant à l'esprit. »
Chez Valéry, la question du langage s'avère étroitement liée à celle de la pensée. En effet, celle-ci ne pourrait exister sans le langage : « Pensée sans langage. Sans langage du tout n'est rien. » L'imperfection du langage semble d'ailleurs, selon lui, la condition même de la pensée de l'homme : « Si le langage était parfait, l'homme cesserait de penser. »
Jean Hytier a très bien saisi le rapport de Valéry au langage : « Son point de départ a été une vive défiance à l'égard du langage ; néanmoins, il en a admiré la puissance et constaté l'importance dans les divers domaines de l'esprit et de l'action; enfin il a réfléchi à l'utilisation possible et méthodique de ses propriétés. »
Nous verrons que Valéry élabore une critique du langage commun et du langage philosophique en fonction d'un langage personnel et universel à la fois, qui serait pur. De là son inclination pour le langage mathématique, ainsi que son amour pour la musique et la poésie.
Dans ce travail, nous nous attacherons principalement aux sections Langage et Philosophie des Cahiers où l'on trouve les réflexions les plus pointues de Valéry sur le langage.
[...] Nicole CELEYRETTE-PIETRI Problèmes du langage chez Valéry (Cahiers et oeuvres, 1894-1900), in Archives des lettres modernes, Paris (225) Nicole CELEYRETTE-PIETRI, Valéry et le moi d'après les Cahiers Lille (thèse) Jean HYTIER, La poétique de Valéry, Paris : Colin rééd Abraham LIVNI, La recherche du Dieu chez Paul Valéry, Paris : Klincksieck Daniel OSTER, Monsieur Valéry : essai, Paris : Seuil Marcel RAYMOND, Paul Valéry et la tentation de l'esprit, Neuchâtel : La Baconnière Judith ROBINSON, L'analyse de l'esprit dans les Cahiers de Valéry, Paris : Corti Judith ROBINSON Fonctions de l'Esprit : treize savants redécouvrent Paul Valéry, Paris : Hermann Cahiers : Langage, p Id., p Id., p.4oo Jean HYTIER, La poétique de Valéry, Paris : Colin rééd p Cahiers : Langage, p Id., p Id. : Philosophie, p Id. : Langage, p Id., p Cahiers : Langage, p Id. : Psychologie, p Id. : Langage, p Id., p Marcel RAYMOND, Paul Valéry et la tentation de l'esprit, Neuchâtel : La Baconnière p Cahiers : Langage, p Id., p Id., p Cahiers : Langage, p Id., p Id., p Id., p Cahiers : Poïétique, p Id. : Langage, p Id., p Id., p Id., p Id. [...]
[...] La conception du langage à travers les "Cahiers" de Paul Valéry Introduction Pour l'homme qui a tout mis sous le signe de la rigueur obstinée, la critique du langage ne pouvait que s'imposer comme un passage obligé. Si sa recherche sur le langage possède son autonomie propre, elle a également sa place dans le contexte plus large du système et de l'analyse de l'esprit. Valéry qualifie ainsi sa réflexion sur le langage : Essai sur la valeur vraie du langage comme instrument de l'esprit quant à l'esprit. [...]
[...] Il est simplement cet espace mental articulé qui nous circonscrit et à l'intérieur duquel s'accomplissent nos actes. En effet, à l'origine du langage, Valéry désigne deux actes : la monstration de l'objet, la mimique de l'acte : Essayer de s'exprimer par gestes. C'est toucher l'essence même du langage (ordinaire). Valéry parle ainsi du langage gestes : Le verbe est acte de celui qui parle. L'importance du geste est immense. [ . ] Le geste est le fait mécanique dont l'acte est la fin. L'acte est le geste qui détermine une modification voulue-attendue. [...]
[...] Valéry a été plus loin que l'exclusion de termes courants, mais mal définis. Il a jugé que la réduction de son lexique était toujours souhaitable pour l'individu : Toute ma philosophie s'est réduite à me passer des mots qui n'ont de sens que par la supposition qu'ils en ont un. J'ai passé ma vie, dit Valéry, à me faire mes définitions Et cela signifie : à constituer un dictionnaire artificiel dans lequel les mots, même lorsqu'ils sont empruntés à la langue usuelle, n'ont pas d'autre contenu de signification que celui que l'on a explicitement décidé de leur donner, un dictionnaire qui n'est pas la codification mais l'instauration d'un usage. [...]
[...] Valéry se fait son propre langage à l'intérieur de la langue naturelle et, par elle, se constitue un code à l'intérieur du code par le double jeu des mots refusés et des redéfinitions : On ne fait oeuvre pure et rigoureuse avec le langage que par l'artifice de suppressions, de définitions nouvelles, secrètes, de spécifications qui forment un nouveau langage dans l'ancien. Le dictionnaire que se propose de créer Valéry se réduit à un dictionnaire composite. Mots supprimés Mots conservés Mots créés. Avec la volonté de tout replacer dans la réalité de l'expérience mentale, il juge nécessaire une réfection du lexique, en particulier celui qui doit représenter la connaissance. Il faut voir ce qui se passe réellement dans l'esprit, et non se borner à associer les mots. [...]
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