Ecrit de jeunesse, la nouvelle Sarrasine de Balzac ne sera publiée qu'en 1830. Ce texte sera le premier texte signé sous le nom de « De Balzac ». Articulée à la première personne du singulier, la nouvelle est un récit par un narrateur au premier niveau. Le narrateur fait visiter à la femme qui l'accompagne l'hôtel des Lanty, chez qui ils sont invités pour un bal. Elle voit un tableau qui représente un Adonis, tableau qui a inspiré Balzac. Ce tableau est « le sommeil du Girodet » l'un des premiers tableaux, nu intégral. Ensuite l'action se transporte en Italie où de nombreuses révélations sont faites.
Roland Barthes et Michel Serres, deux auteurs du XXe siècle se sont penchés sur la question de Sarrasine de Balzac. Tous deux en ont écrit un livre dit de théorie, critique littéraire, où chacun d'entre eux fait une analyse précise. Roland Barthes a écrit S/Z, en 1970, Michel Serres a écrit quant à lui l'Hermaphrodite, en 1987. Deux titres différents sur le plan morphologique mais pas autant sur le plan sémantique. Malgré une multitude de points communs et notamment leur étude de Sarrasine, ces deux critiques se sont penchés sur la dernière phrase de la nouvelle : « Et la marquise resta pensive ». C'est ainsi que commence l'étude comparée des deux analyses.
[...] Le héros meurt comme par vengeance envers la castration et donc l'amour impossible entre lui et celui qu'il croyait femme. Enfin, on comprend par la suite que la famille Lanty, quelque peu honteuse de cette situation, cache jalousement leur ‘poule aux œufs d'or' qu'est Zambinella, car c'est leurs aïeux qui ont commandé la castration de ce membre de leur famille. La phrase finale Ainsi, la nouvelle se clôt sur cette phrase : Et la marquise resta pensive Le récit qui d'un point de vue littéraire à fait couler beaucoup d'encre, certes celle de Serres et de Barthes, mais aussi celle de Gérard Genette, qui écrit au sujet des récits de Sarrasine : Le même personnage peut [ ] assumer deux fonctions narratives identiques (parallèles) à des niveaux différents : ainsi, dans Sarrasine, le narrateur extradiégétique devient lui-même narrateur intradiégétique lorsqu'il raconte à sa compagne l'histoire de Zambinella. [...]
[...] C'est seulement le lendemain, par un récit enchâssé, que le narrateur raconte à son amie (chez elle, au coin du feu) l'histoire qui révèle l'identité du vieillard du bal : ancien chanteur d'opéra, connu sous le célèbre nom de Zambinella. C'est par ce récit enchâssé que l'on apprend l'identité du héros: Sarrasine, sculpteur contre l'avis parental Il eut l'enfance d'un homme de talent. Il ne voulait étudier qu'à sa guise et restait parfois des heures entières plongé dans de confuses méditations. [...]
[...] Pour mieux comprendre ces deux thèses, il est nécessaire de définir le dernier morphème du syntagme (pensive) qui fait tant débat : ( pensive : adjectif, ce mot est une dérivation par affixation du verbe penser qui veut dire : exercer son esprit, mettre en œuvre sa conscience. La définition de pensive tient en : Qui est très occupé d'une pensée, d'une réflexion : qui est absorbé dans ses pensées. Cette définition permet la mise en lumière et la meilleure compréhension de la thèse de Barthes. [...]
[...] Regardons de façon grammaticale cette phrase = et : conjonction de coordination - lien intra phrastique la marquise : nom commun fonction sujet de ‘rester' resta : verbe pivot pensive : adjectif attribut de marquise' Ainsi, voyons maintenant comment est vue cette dernière phrase par les thèses des deux critiques l'ayant étudié : Roland Barthes et Michel Serres dans leur analyse respective : S/Z et l'Hermaphrodite Partie : analyse et comparaison des deux thèses Les deux thèses ‘Découverte' par Roland Barthes, cette nouvelle de Balzac fait l'objet de son analyse intitulée S/Z. Cet écrit donne à voir une analyse précise, claire et très détaillée du texte de Balzac. Concernant la phrase de clôture de Sarrasine, Barthes voit en ces écrits un texte pensif Il propose le fait que la marquise reste pensive, donc qu'elle pense, mais pense à quoi ? [...]
[...] Malgré l'envie de poser des questions à la marquise le lecteur se doit d'accepter cette dernière clôture : la suspension Voilà ce que retient Barthes de sa lecture de Sarrasine et notamment de sa phrase finale Et la marquise reste pensive Michel Serres dans son livre l'Hermaphrodite, ne découpe pas (comme Barthes) le texte en ses phrases les unes après les autres, mais fait plutôt une analyse globale passage par passage. Ainsi, Serres joue d'une rhétorique et s'approprie entièrement le texte de Balzac sans le citer avec guillemet, comme tout auteur qui se respecte. Donc, Serres fait le commentaire de cette phrase finale, lui aussi en fin d'écrit. L'auteur pense donc que la marquise ne pense pas vraiment, car pour lui penser c'est déjà penser à dire quelque chose, en revanche la marquise ne dit rien, donc la marquise ne pense pas. [...]
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