Après la joute poétique de la troisième des Bucoliques entre les bergers Ménalque et Damète, Virgile hausse le ton dans la quatrième églogue pour exprimer une prophétie enthousiaste. Le poème participe toujours de l'univers bucolique, mais il en dépasse les cimes habituelles : les « forêts » se substituent aux « vergers » et aux « tamaris » (v.2-3). Cette bucolique est adressée à Asinius Pollion ? ami d'Octave et protecteur de Virgile qui accède en 40 au consulat, exercé jusqu'au mois de décembre. Or au début de l'automne 40, Octave, avec l'aide de Pollion, organise à Brindes une rencontre qui doit sceller sa réconciliation avec Antoine ; les préparatifs avaient duré tout l'été et les troupes des deux camps, cantonnées à proximité du port, avaient eu le temps de pactiser : on pouvait croire que c'était la fin de la guerre civile entre les héritiers de Jules César. C'est dans ce contexte de pacification que Virgile écrit cette quatrième bucolique. Cet espoir de paix coïncide avec la naissance d'un enfant ? dans lequel on voit généralement un des fils de Pollion lui-même ? et auquel, après avoir apostrophé les Muses (v.1-3), Lucine, protectrice des enfants (v.4-11), et Pollion (v.12-17), le poète s'adresse directement pour lui prédire une croissance heureuse, simultanément au retour de l'âge d'or antique, revenu selon Virgile avec le consulat de Pollion : « c'est précisément sous ton consulat, Pollion, que cette ère glorieuse débutera, et la Grande Année fera ses premiers pas sous tes ordres. » (v.11-12).
Problématique : quels éléments du mythe antique de l'âge d'or Virgile reprend-il dans les vers 18 à 59 de cette bucolique, comment le renouvelle-t-il et pourquoi ?
I. LA DESCRIPTION DE L'ÂGE D'OR : LA REPRISE D'ÉLÉMENTS TRADITIONNELS DU MYTHE
A. L'Âge d'or : le bonheur de l'homme dans une nature idéale
La référence au mythe de l'âge d'or est explicite depuis le vers 9, quand Virgile emploie l'expression « gens aurea », la race d'or, nettement méliorative en raison de l'allusion à ce métal rare et précieux. Virgile reprend les caractéristiques essentielles de l'âge d'originel, celui de la tradition mythologique, particulièrement illustré par le poète grec Hésiode dans Les Travaux et les Jours au VIIIème siècle avant notre ère. (...)
[...] Virgile appuie ainsi sur le fait que la nature offre spontanément ses présents sans qu'on les lui réclame. Au terme d'une gradation croissante, le comble est atteint quand les animaux sont montrés comme capables de changer eux-mêmes la couleur de leur laine, ce qui évite de les teindre. o Virgile place de surcroît les différents éléments de la nature comme sujets des verbes, avec parfois les hommes comme complément : tibi munuscula tellus fundet (v.20) la terre te prodiguera comme premiers cadeaux ; domum referent capellae (v.21) les chèvres ramèneront au logis ; flavescet campus (v.28) la plaine blondira ; aries mutabit vellera (v.43) le bélier changera sa toison . [...]
[...] Le poème participe toujours de l'univers bucolique, mais il en dépasse les cimes habituelles : les forêts se substituent aux vergers et aux tamaris (v.2-3). Cette bucolique est adressée à Asinius Pollion ami d'Octave et protecteur de Virgile qui accède en 40 au consulat, exercé jusqu'au mois de décembre. Or au début de l'automne 40, Octave, avec l'aide de Pollion, organise à Brindes une rencontre qui doit sceller sa réconciliation avec Antoine ; les préparatifs avaient duré tout l'été et les troupes des deux camps, cantonnées à proximité du port, avaient eu le temps de pactiser : on pouvait croire que c'était la fin de la guerre civile entre les héritiers de Jules César. [...]
[...] Notons enfin que tout comme Virgile reprend ici des données du mythe originel de l'âge d'or, Ovide en ses Métamorphoses quarante ans plus tard reprend certains vers presque littéralement à Virgile, accentuant toutefois l'aspect politique du texte et introduisant une dimension épicurienne, peu présente dans cette églogue. [...]
[...] venturo saeclo : ablatif complément de laetantur (laetor aliqua re) IV. SCANSION DES VERS 37 À 52 d = dactyle, s = spondée, t = trochée; t = coupe trihémimère, p = penthémimère, h = hephthémimère Hinc, ubi jam// fir mata vi rum te fecerit aetas, cedet et ipse ma ri //vec tor// nec nautica pinus muta bit mer ces om nis feret omnia tellus. non ras tros pati etur hu mus, //non vinea falcem, robus tus// quoque jam// tau ris juga solvet a rator ; nec vari dis cet men tiri lana co lores, ipse sed in pra tis //ari es jam suave ru benti murice , jam croce o tabit vellera luto, sponte sua san dyx //pas centis vestiet agnos. [...]
[...] viril) Cedo, is, ere, cessi, cessum + datif : céder à, renoncer à Mare, is, f. : la mer Vector, oris, m. : le passager sur un navire 2 Nauticus, as, um : naval, nautique Pinus,i, f. : le pin Muto, as, are, avi, atum : déplacer, échanger, faire le commerce de Merx, mercis, f. : la merchandise Tellus, uris, f. : la terre (cf. tellurique) Fero, fers, fert, ferre, tuli, latum : porter, produire Phrase 2 Humus, m. [...]
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