Dans le texte qu'il nous revient d'analyser, extrait de « L'art à l'âge de sa mondialisation », le philosophe contemporain français Roger Pouivet, qui consacre une grande partie de ses travaux à…
[...] Il faudrait aussi prendre en compte la fragmentation de l'espace public, au sens habermassien, incluant la culture. La multiplication des chaînes, des consommations possibles, des systèmes de vidéo à la demande, a récemment obligé l'industrie à se requestionner, et à remettre en cause l'œuvre universelle accessible à tous. En même temps, cette fragmentation n'est-elle pas productrice de ghettos artistiques et culturels ? Que deviennent alors les aspects prescriptifs dont nous avons parlé dans ce contexte ? Doit-on les relativiser fortement ? [...]
[...] Pour conclure, nous pouvons donc avancer que le concept d'un art de masse tel que proposé n'est pas exempt de fragilités, le public éduqué (dans un contexte d'élévation du niveau d'éducation au niveau mondial, décrit souvent par Emmanuel Todd le démographe), et la réaction d'adaptation (antithèse hégelienne) des artistes et du public, venant troubler le schéma pur de l'art de masse. Ces processus semblent déboucher sur un paysage de l'art plus poreux, plus ambigu, que celui, très clivé, décrit dans le texte. [...]
[...] Le souci de production de masse a remplacé l'impulsion première du créateur artistique, qui ensuite, pouvait chercher son public, ou même anticiper les attentes du public, mais se référer à la boussole de son propre pouvoir créatif tout de même. -Le créateur ne peut pas être premier dans l'art de masse, car son idiosyncrasie est un risque : l'œuvre doit être accessible à tous, dans le monde. C'est l'exigence fondamentale. Elle implique d'ailleurs le lien le plus direct possible entre l'œuvre formatée et le public. [...]
[...] L'art de masse est un art de l'ubiquité. On peut regarder un Star Wars en même temps dans des milliers de salles de par le monde. C'est un art qui est produit et diffusé grâce à des techniques de masse (dans le prolongement de « la reproductibilité technique » de Benjamin, mais portée à son apogée. Enfin, dans son contenu, l'œuvre est conçue avec le souci essentiel d'être accessible universellement, le plus largement possible, et tout obstacle entre l'œuvre et le public doit être autant que possible éradiqué, comme la notion d'effort. [...]
[...] -On pourrait renvoyer le philosophe à des fondamentaux de la pensée dialectique hégelienne : chaque thèse produit son antithèse, et des tentatives de synthèse. L'art de masse a suscité des processus dialectiques lui aussi. Roger Pouivet écrit au début des années 2000. Sans doute les évolutions les plus récentes de l'art de masse l'auraient conduit à réviser son analyse. Pour de nombreux critiques, les plus grandes œuvres audiovisuelles du temps se logeraient précisément dans ses formes de diffusion de masse (les séries TV sont comparées aux romans classiques dans leur capacité à se saisir des temps longs pour créer de la complexité). [...]
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