Commentaire de texte entièrement rédigé et approfondissant avec des références (notamment l'essai de Dominique Château Sartre et le cinéma) et de nombreuses notes de bas de page la relation de Sartre entre les mots et le cinéma. Le plan s'articule autour d'une perception sensorielle du cinéma puis d'un fétichisme de l'image (comme des mots ?) et enfin les parallèles entre filmer et écrire pour Sartre.
[...] Ce passage narré dans son autobiographie, Les mots (1972) sera notre objet de commentaire. Sartre insiste sur l'aspect forain du cinéma et développe ainsi une stratégie d'écriture anti-bourgeoise en dénonçant leur goût de l'apparence au moyen du cinéma, art de l'apparence par excellence : paradoxe qu'il nous faudra élucider. Dominique Château (Sartre et le cinéma) perçoit l'affection de l'auteur pour le septième art d'une façon plus « ontologique » : le cinéma représente « une réalité dans une complexité d'emblée inextricable », dessein littéraire de Sartre. [...]
[...] Toutefois, Sartre a toujours assumé le paradoxe (cf Sartre, Contat et Astruc) qui le place au milieu du peuple, dans la rue luttant contre la domination bourgeoise alors que la majorité de ses ouvrages (il cite son étude sur Flaubert) sont écrits pour les bourgeois. C'est sûrement ce qui explique que le jeune Sartre se sent « clandestin » (l. 48) dans cette salle populaire. Il se distancie aussi de ce milieu à la ligne 84 : « tout ce monde, n'était pas de notre monde » et se voit même soulagé de reconnaître son clan : « heureusement, [ ] de grands chapeaux palpitants rassuraient » (l. [...]
[...] A la vision du film, non satisfait de « racler » son corps, le cinéma entreprend une incorporation dans son spectateur. La « désintoxication brusquée » (l. 71) suppose l'inhalation de l'illusion, de la magie des images qui fascinent totalement l'enfant : « j'adorais la magie », « mon jeune idéalisme se réjouissait », « je m'enchantais » (l. 250). Plus loin, il parle de la massivité des solides qui « encombrait jusque dans mon corps ». L'allusion à l'obscur est aussi très généreuse car fait dialogue deux univers sensibles. [...]
[...] La graphie (l'image distingue nettement la composition de Chopin à son référent dans le monde réel. La question du virtuel et de l'actuel devient ici très intéressante. Quel est l'élément le plus réel, le plus concret ? Est-ce le paysage devant ses yeux, la fameuse grotte de Fingal ou bien le souvenir cinématographique, d'il y a quatre ans déjà ? Pensé ainsi, la mémoire serait alors un autre sens convoqué par l'auteur. Songeons au « Peintre de la vie moderne » de Baudelaire qui crée par l' « art mnémonique » et dessine avec les « images de son cerveau » plus que celles des yeux. [...]
[...] Il faut voir le film/texte « au plus près » dirait Sartre. De quelles manières Sartre présente t'il le cinéma dans Les mots ? Quelles relations conceptuelles établit-il entre cet art et son récit d'enfance ? Nous présenterons d'abord l'aspect populaire du cinématographe à travers les préjugés des bourgeois et la description des salles de cinémas visitées. Il s'agira ensuite de montrer l' « empire des sens », la synesthésie qu'opère le cinéma chez « Sartre-enfant » jusqu'à l'incorporation, cinéphagie avant la lettre. [...]
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