Démosthène, Troisième Philippique, 21-27 et Quatrième Philippique, 46-48, commentaire de texte
Démosthène intervient dans un contexte difficile : la montée en puissance de Philippe II de Macédoine en Grèce depuis le milieu du IVe siècle semble ne pas trouver de limite, contrôlant une étendue de territoire sans précédant dans le monde balkanique. C'est devant des Athéniens désemparés qu'il écrit sa Troisième Philippique datant de 341 av. J.C. suivie de près en 340 par sa Quatrième Philippique.
[...] De plus, Démosthène nous indique que cette place ne peut revenir à n'importe quelle cité. En effet, la référence réitérée aux « Grecs » (l.6 ; 19, 1e Txt) ou du rôle des Grecs dans le fait de « concédé ce privilège » (l.10, 1e Txt) met en évidence l'idée que l'autorité suprême pour s'appliquer doit, en sorte, être consentie par la population du monde grecque, mais surtout l'idée qu'elle ne peut venir que du monde grec, rejetant par la même toute autre domination extérieure considérée alors comme illégitime. [...]
[...] Pour Démosthène s'en suit une liste détaillée des régions et des villes qui sont déjà tombés sous son ascendant. « Je ne dis rien d'Olynthe, ni de Méthoné ni d'Apollonie, ni de trente-deux villes de Thrace, si cruellement détruites par lui » (l.20-21, 1e txt) nous dit Démosthène, car en effet, Olynthe d'une part s'était rapprochée d'Athènes en 353 et dirigeait la confédération des cités Chalcidique, ce qui avait déclenché en 349 une invasion de Philippe qui voit le moment venu de conquérir la région ; la ville fût rasée et ses habitants réduits en esclavage. [...]
[...] Pour Démosthène, le développement de la violence entre les Grecs n'est pas le seul déterminant du délitement de leur puissance. « Les dirigeants politiques vous ont persuadés que c'était pénible, inutile et ruineux » (l.4-5, 2e txt) nous dit Démosthène condamnant par la même le rôle des philippisants tel l'orateur Eubule qui, soutenu par la majorité des riches Athéniens, pense que la paix est plus conforme aux intérêts d'Athènes que la guerre, entravant ainsi la résistance à Philippe II. Démosthène ajoute « être passifs, ne rien faire de ce qui est nécessaire, abandonner progressivement tout et laisser d'autres le prendre » (l.5-6, 2e txt) dénonçant un comportement indigne et délétère d'une ancienne puissance anesthésiée par des discours traîtres et intéressés. [...]
[...] Dernièrement Démosthène tente de montrer aux Athéniens le vrai visage de Philippe, « ne dit-il pas en propres termes dans ses lettres Et se contente-t-il de l'écrire sans le réaliser » (l.25-27, 1e txt) essayant ainsi de déclencher bien plus que de la piété, de la colère chez les Athéniens pour leur faire comprendre qu'ils ont été dupés par un être définitivement mauvais. Ainsi, Démosthène dans sa Troisième et sa Quatrième Philippiques nous montre que Philippe II de Macédoine détient désormais la plus grande puissance militaire du monde égéen. Le pouvoir hégémonique héréditaire contrôlé jusqu'à alors par les trois grandes puissances grecques Athènes, Sparte et Thèbes s'est peu à peu délité. [...]
[...] L'orateur, par la rhétorique, entreprend de réveiller la conscience athénienne successivement par la pitié et la colère, le devenir du monde grec dépendant entièrement, à en croire celui-ci, aux décisions du peuple Athénien. La menace de la sécurité du ravitaillement de l'Attique et les harangues de Démosthène auront finalement raison du peuple athénien, celui-ci déclarant la guerre à Philippe en 340. Bibliographie : Manuels : BRUN, P., Le monde grec à l'époque classique 500-323 avant J.C., Paris, Armand Colin 255p. BASLEZ, M.-F., Histoire politique du monde grec antique, Paris, Armand Colin 320p. [...]
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