Commentaire de texte Boby Lapointe : Ta Katie t'a quitté dans une séquence sur la poésie
[...] Son ton se veut chantant et ironique avec l'emploi du point d'exclamation : « Pour une sonnerie C'est une belle sonnerie ». Le parolier s'amuse une dernière fois dans un jeu de mots, où il suffit de modifier une seule lettre pour obtenir un autre mot, et donc un autre sens. L'auditeur reconnaît sans peine le terme à peine caché de « connerie », la lettre C pouvant toutefois à l'écrit se lire aussi comme un S. Brillant esprit, à la fois scientifique et littéraire, Boby Lapointe a écrit des chansons qui ne sont pas faites que pour les enfants. [...]
[...] Cette expression a dérivé de sens de nos jours, prenant celui de longues virées nocturnes, notamment en dépensant sans compter. Igor est donc poussé à sortir pour oublier son chagrin d'amour. La deuxième périphrase reprend avec le nom « Russe » la première périphrase qui évoque les sorties des grands-ducs russes, comme une tradition liée à l'origine géographique. Le « Russe » devient ici synonyme de « fêtard », mot de niveau de langue familier utilisé d'ailleurs pour décrire dans la deuxième strophe les habitués des bars. [...]
[...] Dans l'univers particulier de ce chansonnier, auteur-compositeur-interprète français, passionné aussi de mathématiques, et ami de Brassens, les jeux de mots foisonnent et le langage apparaît comme une vaste aire de jeu où les mots sont des jouets que l'on manie sur un air le plus souvent gai. La chanson Ta Katie t'a quitté écrite en 1964 est une véritable déclaration d'amour à notre langue française et ses sonorités. Comment Boby Lapointe relève-t-il le pari de donner voix à un réveil ? Sa créativité langagière en explorant la phonétique fait parler des « tic-tac » poétiques à nos oreilles. Cette chanson au sens plus profond qu'il n'y paraît est un bijou de poésie langagière. Car il s'agit de poésie en même temps que d'un récit. [...]
[...] C'est un véritable jeu de sons et de sens mis en place ici, pour faire entendre ce battement sonore qu'est le bruit du réveil. Il nous poursuit le long de ces quatre strophes de refrain, reprenant sans cesse les sons « tic » et « tac » sous les différentes combinaisons qui s'offrent : « ti », « ki », « ta » et « ka ». De plus cette chanson nous apparaît poétique aussi dans la mise en forme des rimes de chaque strophe. [...]
[...] La chanson en effet comprend dix strophes, dont quatre qui font office de refrain à partir du premier « Tic tac tic tac » jusqu'à la dernière occurrence de « Ta Katie t'a quitté ». Ce refrain montre la gymnastique que le langage met en forme pour reproduire le son d'un réveil. Souvent apparenté à l'onomatopée « tic tac », le réveil va devenir le sujet du refrain et Lapointe va utiliser toutes les possibilités d'allitérations afin de nous faire entendre la sonorité de ce « tic tac » dans les mots utilisés. [...]
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