Commentaire stylistique: Je t'aime Paul Eluard, Le Phénix, 1951. Devoir de Licence 3 (7 pages)
Procédés lexicaux :
En analysant le lexique du poème, nous pouvons en déduire les thèmes. Tout d'abord apparait le champ lexical de l'affectivité comme nous l'avons démontré précédemment. Nous pouvons également relever un lexique de la nature : grand large ; premières fleurs ; animaux purs ; grand soleil. De façon plus discrète il existe aussi une thématique du doute, de la mort, du néant : toutes ces morts, Tu crois être le doute ; Quand je suis sûr de moi ; Sans toi je ne vois rien qu'un étendue déserte ; Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu.
Dans ce poème, Eluard se sert de ses sens pour exprimer ses sentiments. Il utilise l'odorat et la vue :
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud.
La répétition du nom odeur a pour but d'insister sur le caractère agréable de cette impression.
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
De façon simple et touchante Eluard témoigne de sa cécité lorsqu'il est sans Dominique.
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Le poète ne parvient pas à « percer le mur du miroir », c'est-à-dire qu'il n'arrive pas à se reconnaitre dans son propre reflet. Il a besoin de cette femme pour adoucir son image et sa vision du monde.
I) Interroger la poésie:
II) Interroger le texte
[...] D'après le sémantisme des verbes du poème, on peut essayer de déduire le thème de chaque strophe. La première pourrait narrer la vie et les expériences quand on aime. La seconde parlerait d'épreuves à surmonter. La dernière strophe raconterait l'état d'amour, les conséquences de l'amour qui montent à la tête. Procédés grammaticaux : Pour pallier au manque de ponctuation, le poème use de pronoms relatifs qui créent un rythme en reprenant les antécédents : Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues ; Pour la neige qui fond pour les premières fleurs. [...]
[...] Ces par ces mots simples et universels Je t'aime que commence le poème. Ils seront ensuite repris anaphoriquement dans la première et la troisième strophe. Je t'aime est suivi cinq fois de pour et une fois de contre comme pour justifier son amour pour une femme plus jeune que lui. Le poète tient à réserver une place particulière à Dominique dans son œuvre. Il aime par soustraction : pour toutes les femmes que je n'ai pas connues Examiner les figures de style : La figure organisatrice du poème est l'anaphore. [...]
[...] Les vers ne semblent pas être identiques du point de vue de la longueur. Ils sont donc hétérométriques et sans ponctuation. Eluard crée une nouvelle forme poétique pour célébrer son nouvel amour. Analyser la versification : Ce poème d'Eluard est très fortement hétérométrique. Il se compose de 3 strophes de 7 vers irréguliers. Ce sont en majorité des alexandrins mais on peut également relever 2 tétrasyllabes Comme on oublie ; Pour la santé (vers 14 et un hexasyllabe Quand je suis sûr de moi (vers un octosyllabe Entre autrefois et aujourd'hui (vers un pentasyllabe Je t'aime pour aimer (vers et un hendécasyllabe Tu crois être le doute tu n'es que raison (vers 19). [...]
[...] Le poète élève la femme aimée à une figure sacrée et unique qu'il met en opposition par un jeu singulier/pluriel (le t de tu et les femmes). Notons qu'il renforce ce caractère unique en insérant toutes devant les femmes. Désormais, Dominique compte plus à ses yeux que toutes les femmes réunies. Elle lui est si précieuse qu'il l'élève dans ce poème à une figure allégorique incarnant des valeurs et des qualités comme la sagesse Je t'aime pour ta sagesse, sa raison tu n'es que raison ou le rayonnement d'amour qui émane d'elle Tu es le grand soleil qui me monte à la tête. [...]
[...] Ces homophonies servent à souligner le lien que certains vers entretiennent entre eux. Les rimes sont toutes pauvres à l'exception de qui est suffisante. La rime pauvre n'est dotée que d'un seul phonème commun (la dernière voyelle accentuée) tandis que la rime suffisante possède deux homophonies (consonne + voyelle). Il n'y a pas de règles qui régissent les autres sonorités. Les mots à la rime des vers 6 et 16 sont dissyllabiques mais ne sont pas mis en opposition. En effet, ils créent un système de valeurs qui se complètent pour entourer le vers 11 : Il y a eu ces morts que j'ai franchies sur de la paille. [...]
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