Commentaire, explication, ubu, ubu roi, jarry, scène d'exposition, acte I scène 1, burlesque, parodie, langage
Ceci est le commentaire linéaire (organisé méthodiquement, par répliques et par thèmes) de la scène d'exposition (Acte I scène 1) d'Ubu Roi d'Alfred Jarry. Des analyses des figures de style, de la rhétorique, des éléments théâtraux, du rapport au spectateur sont proposés. D'autre part, des parallèles avec d'autres oeuvres et d'autres auteurs sont développés pour affiner l'interprétation. Le langage de Jarry sera particulièrement analysé pour voir toutes les spécificités de ce texte si riche et si stimulant.
Aperçu de l'introduction : « Dès le premier mot, l'assistance, frappée à la poitrine et au nez, réagit comme un seul homme. Désormais, les personnages s'agitèrent et parlèrent en vain : le spectacle fut la salle même ». C'est en ces termes que Georges Rémond, journaliste au Mercure de France, décrit l'accueil du public lors de la première représentation d'Ubu Roi d'Alfred Jarry en 1896. C'est donc dans ce singulier contexte qu'il convient de situer l'oeuvre. Jarry a tout fait pour bousculer le spectateur, déclarant par exemple que « l'action se passe en Pologne, càd Nulle Part ». Autrement dit, tout réalisme semble banni de la scène. Par cette absence de vraisemblance, Jarry subvertit les règles théâtrales. La mimesis est sapée : le réel ne fait plus la loi, il a cédé la place au pur plaisir.
Dans la scène d'exposition, le rideau se lève sur une conversation, particulièrement échauffée, saisie in medias res. Avec un maximum d'économie, le public apprend la situation actuelle d'Ubu, son passé et son ambition présente. Sa femme, Mère Ubu, va lui suggérer de s'emparer de la couronne.
[...] Bref, il faut noter que la subversion est affichée et revendiquée. Dans ce cas, le terme a quasiment une valeur performative, c'est-à-dire qu'il réalise un acte en le disant. Dire « merdre », c'est subvertir toute une tradition théâtrale. La parole crée l'événement. Captatio benevolentiae : procédé rhétorique pour gagner l'attention et surtout la bienveillance des auditeurs, ce qui n'est donc pas le cas ici. « Oh, voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou » : cela pose la question du langage. [...]
[...] On est passé du conditionnel au présent de l'indicatif. Cette proximité permet de mieux agir sur Père Ubu. D'autre part, la cruauté extraordinaire de Mère Ubu est révélée par le verbe « massacrer » et le net effet de gradation « assassiner » / « massacrer ». Répliques 13 à 15 : Le burlesque est présent puisqu'on passe du coq à l'âne. Le manque de cohérence est clair dans les propos. Répliques 16 à 19 : Parole séductrice de Mère Ubu : Elle sait que pour manipuler Père Ubu, il faut flatter ses basses ambitions et lui faire miroiter les avantages du pouvoir. [...]
[...] C'est en ces termes que Georges Rémond, journaliste au Mercure de France, décrit l'accueil du public lors de la première représentation d'Ubu Roi d'Alfred Jarry en 1896. C'est donc dans ce singulier contexte qu'il convient de situer l'œuvre. Jarry a tout fait pour bousculer le spectateur, déclarant par exemple que « l'action se passe en Pologne, càd Nulle Part ». Autrement dit, tout réalisme semble banni de la scène. Par cette absence de vraisemblance, Jarry subvertit les règles théâtrales. La mimesis est sapée : le réel ne fait plus la loi, il a cédé la place au pur plaisir. [...]
[...] Une atmosphère guignolesque : On sait que le dramaturge a fait jouer par des marionnettes une première version de la pièce, Les Polonais, en 1888. Un rapprochement avec le personnage de Guignol semble donc possible. On note cette atmosphère par le biais d'un jeu de réplique à réplique immédiate, savoureux ping-pong verbal enrayé toutefois par des termes surprenants comme « fiole » ou « coupe-choux ». Il n'y a pas de termes affectifs entre le couple. Père Ubu sert uniquement à provoquer le dialogue. [...]
[...] ¤ Conclusion : Cette scène d'exposition est provocante à deux égards. Le langage, empreint de verdeur et de fraîcheur enfantine, évoque ici des sujets tabous comme les excréments ou la sexualité . Le burlesque prédomine : le massacre d'une famille royale et des désirs dérisoires comme manger de l'andouille sont mis sur le même plan. Plus encore, il semble que Jarry tende un miroir au public et lui offre une radiographie de lui-même. Voilà pourquoi cette scène d'exposition a été perçue comme scandaleuse. [...]
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