Cette scène est la première où apparaît l'héroïne éponyme qui se laisse dépérir. Sous le questionnement indiscret d'Oenone, sa nourrice, elle finit par avouer la source de son mal, à savoir l'amour incestueux qu'elle assure pour son beau-fils Hyppolite, né d'un premier mariage avec son époux Thésée. Cet aveu est relaté au cours d'une tirade sous forme de récit lyrique où la jeune femme raconte les étapes de sa passion, allant de la naissance d'un amour à ses tentatives pour y échapper. Les échecs de Phèdre pour échapper à la puissance de son amour envers Hyppolite transforment son récit en un aveu profondément tragique allant jusqu'à la fatalité (...)
[...] Par ailleurs, on constate une manifestation d'oxymore au vers 22 avec à la fois un corps glacé et brûlant qui est renforcé par la répétition du et En effet, l'amour de Phèdre pour le jeune Hyppolyte se manifeste directement par des troubles physiques opposés, ce qui montre bien la division entre la volonté de Phèdre et son expression corporel, il y a une absence de maîtrise en soi. L'amour qu'éprouve Phèdre ne se limite cependant pas à quelques troubles physiques. En effet, le mental de cette dernière n'est pas épargné : trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; on comprend alors que Phèdre subit un bouleversement intense de ses émotions et perd le contrôle de la raison. D'autre part, sous forme d'inversion, elle avoue à sa nourrice lorsque celle-ci la questionne aimez-vous ? [...]
[...] Les échecs de Phèdre pour échapper à la puissance de son amour envers Hyppolite transforment son récit en un aveu profondément tragique allant jusqu'à la fatalité. On peut alors ce demander en quoi Phèdre est une héroïne tragique ? Pour répondre à cette question, nous verrons tout d'abord les manifestations de son amour, et ensuite, la fatalité de cet amour impossible. Ici, Phèdre est victime d'un mal dont elle a pleinement conscience et qu'elle cache. Quand elle va enfin avouer ce qu'elle ressent, elle dira : Mon mal vient de plus loin . [...]
[...] Ici Phèdre se démène sous nos yeux et attire ainsi la pitié. La passion interdite qui anime Phèdre pour Hyppolyte la conduira à sa fin tragique due à une hérédité fatale. Ce texte nous montre bien que Phèdre est une héroïne à la fois tragique et passionnée par l'amour qu'elle éprouve pour Hyppolyte, elle est aussi troublée et parfois violente. Ici, le regard est primordial au coup de foudre, l'aliénation et la dépossession de soi. Phèdre est inscrite dans une filiation maudite montré par la violence extrême dont la nature de cet amour fait preuve par sa monstruosité. [...]
[...] D'autre part, cette passion est décrite en termes religieux alors qu'il s'agit ici d'un amour contre nature. En effet, on remarque la constance du champ lexical de la religion : J'adorais Hyppolyte et J'offrais tout à ce Dieu que je n'osais nommer cette première réplique fait fusionner l'amour pour Hyppolyte aux vœux adressés à Vénus pour y échapper. Quand à la deuxième réplique, elle relève une passion religieuse. Phèdre idéalise donc Hyppolyte et en est fière lorsqu'elle dit superbe Phèdre dans sa tirade, remonte aux origines de sa passion. [...]
[...] Phèdre multiplie les actions pour nuire à son amour dans un récit qui, par ses hyperboles, accentue le sentiment de la fatalité car toutes sont vouées à l'échec. Les échecs des diverses tentatives qui procède à la fatalité tragique exprimée à travers une lamentation lyrique et une série d'antithèses entre l'action et son inefficacité sont nombreux. En effet, D'un incurable amour remèdes impuissants ! la répétition d'adjectif au suffixe négatif in (incurable, impuissants) renforce le sentiment de l'inutilité de ces tentatives et l'inévitabilité de celles-ci. Phèdre est enfermée dans cet amour. [...]
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