Commentaire entièrement rédigé (niveau Lycée) du préambule de l'ouvrage Les Essais de Montaigne.
[...] A Dieu donc, de Montaigne, ce premier de mars mille cinq cens quatre vingt. Montaigne Essais, Au lecteur (1560) Livre I Introduction Les Essais ne sont pas une œuvre autobiographique au sens strict du terme. Montaigne note ses réflexions au fur et à mesure de ses lectures ou de ses expériences, mais il ne raconte pas les événements qui ont constitué chronologiquement l'histoire de sa vie. Son expérience échappe donc à des règles du genre autobiographique : celle du récit rétrospectif. [...]
[...] Il se propose d'enregistrer, par l'écriture, les états successifs de son moi, dans la diversité de ses humeurs et l'intimité de ses pensées. Le lecteur semble absent d'une telle relation. Quoique Les Essais aient connu plusieurs éditions du vivant de Montaigne, chacune enrichie d'additifs et de développements, leur auteur a toujours prétendu n'écrire que pour lui, sans souci du public. Fausse modestie sans doute, mais non sans intérêt. Car cette exclusion du public, au moins apparente, entraîne deux conséquences : pour Montaigne, une plus grande franchise, un plus grand naturel ; pour le lecteur, une rapide identification. [...]
[...] Montaigne dit écrire ses Essais d'une part pour survivre après sa mort dans la mémoire de ses parents et amis (opposition entre perdu et retrouver l.7, d'autre part pour se faire mieux connaître d'eux (l.8 à 11). L'auteur estime que dans la vie sociale nous nous présentons aux autres d'une façon incomplète et parfois trompeuse, alors que l'écriture donne une connaissance plus entière et plus vive (l.10) du moi réel et intime. Montaigne est bien entendu conscient du paradoxe de sa position : quoi qu'il dise, il y a bien un livre édité, un lecteur qui va lire, un projet, des objectifs, une ambition : celle de se peindre au naturel de se présenter lui-même, mais aussi en témoin de la condition humaine. [...]
[...] * La peinture du moi (l.11 à 21) : Montaigne ne cherche que le naturel, même s'il est peu flatteur. * L'adieu au lecteur (l.21 à 25) A Avertissement au lecteur (l.1 à Les premières lignes sont une mise en garde : le lecteur ne doit pas chercher dans ce livre ce qui n'y est pas. Montaigne fait un aveu apparemment modeste de ses propres limites : il emploie la restriction ne . que (l.2-3) et des négations nulle, ni l.4 ; Mes forces ne sont pas capables l.5). [...]
[...] Tous ces termes soulignent le caractère formateur de l'écriture intime. Une métaphore de l'aliment compare la lecture à l'acte vital de l'absorption, de l'assimilation, de la communion et de l'enrichissement : ainsi le verbe nourrir (l.10) est-il utilisé pour figurer le rôle positif de l'œuvre sur ses lecteurs. II Montaigne définit son projet par le procédé de l'opposition : - L'indicatif, mode du réel, Je veux l.13 ; Mes défauts s'y liront l.16) s'oppose au conditionnel passé, -mode de l'irréel Si c'eût été Je me fusse mieux paré et me présenterais l.12) - Le naturel (l'absence d'artifice l.16, et plus loin, ma forme naïve l.17, tout entier et tout nu l.21) s'oppose à l'image de la parure paré l.12), de l'apparence trompeuse. [...]
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