[...] Qu'est-ce que la beauté pour un poète ? C'est à cette interrogation que Baudelaire veut s'efforcer de répondre dans le poème que nous avons choisi d'étudier. Ce sonnet, de forme shakespearienne (abba cddc efe fgg), est structuré par l'allégorie d'une beauté inaccessible. Celle-ci, incarnée dans le corps d'une femme, affirme et impose d'emblée sa présence énonciative par le biais d'abondantes occurrences de la première personne. Ainsi, rien que dans les deux premiers quatrains, on peut relever sept pronoms personnels « je » et le déterminant possessif « mon » qui marquent, formellement parlant, la puissance de cette beauté. Mais la personnification de cette dernière na s'arrête pas à sa prise de parole personnelle, elle est aussi observable dans les différentes parties de son corps qu'elle évoque successivement.
[...] b) Une source de souffrance, destruction et mort
- Cette beauté est castratrice puisqu'elle inspire l'amour mais empêche le chant poétique : force du terme « muet » placé à la césure (v.4)
- Elle se présente elle-même comme l'objet d'une quête vaine « consum[ant] » les jours des poètes.
- On retrouve la conception baudelairienne d'un travail poétique laborieux. Dans Curiosités esthétiques (1868). « du travail journalier et de l'inspiration » il écrivait : « L'inspiration est décidément la soeur du travail journalier. » : ce dur labeur ici évoqué par l'expression « austères études ».
c) Une beauté qui permet de survivre au temps et d'atteindre l'éternité
- Si la beauté n'est pas à portée de simples mortels, elle ne lasse pas pour autant les poètes qui prétendent l'atteindre pour accéder à l'éternité.
- Le premier hémistiche du poème semble en effet établir un lien entre beauté et immortalité. En effet, contrairement aux propos traditionnels, dont le carpe diem, qui évoquent le caractère éphémère de la beauté, le sonnet semble établir un lien de causalité entre perfection et éternité. (...)
[...] II) Une célébration parnassienne de la beauté qui est aussi le constat d'un échec Un idéal formel à atteindre auquel le pote cherche en vain à accéder. Une source de souffrance, destruction et mort. Une beauté qui permet de survivre au temps et d'atteindre l'éternité. Qu'est-ce que la beauté pour un poète ? C'est à cette interrogation que Baudelaire veut s'efforcer de répondre dans le poème que nous avons choisi d'étudier. Ce sonnet, de forme shakespearienne (abba cddc efe fgg), est structuré par l'allégorie d'une beauté inaccessible. [...]
[...] En effet, contrairement aux propos traditionnels, dont le carpe diem, qui évoquent le caractère éphémère de la beauté, le sonnet semble établir un lien de causalité entre perfection et éternité. - A cet égard, on remarque que le champ lexical de l'éternité entame et clôt le poème. Usant des ressources de l'allégorie, Baudelaire donne donc de la beauté une image ambiguë : incarnation d'un idéal esthétique échappant à l'emprise du temps, elle suscite la fascination de ses admirateurs mais en même temps se définit elle-même comme une statue hautaine, froide et inaccessible. [...]
[...] - Ce poème condense donc en son sein les aspirations essentielles des poètes du Parnasse développées par des auteurs tels que T.Gautier et Leconte de Lisle. Une source de souffrance, destruction et mort - Cette beauté est castratrice puisqu'elle inspire l'amour mais empêche le chant poétique : force du terme muet placé à la césure (v.4) - Elle se présente elle-même comme l'objet d'une quête vaine consum[ant] les jours des poètes. - On retrouve la conception baudelairienne d'un travail poétique laborieux. [...]
[...] Toutefois, ce rêve de pierre s'il est assimilable à la création poétique possédant, seule, le pouvoir de rendre toute chose plus durable que l'airain nous présente la beauté comme un idéal inaccessible révélant l'impuissance du poète. A ce titre, nous étudierons dans un premier temps les caractéristiques de l'allégorie développée dans ce poème, puis nous montrerons que la célébration toute parnassienne de la perfection formelle à laquelle se livre le poète s'achève par un inévitable constat d'échec. La représentation allégorique de la beauté inabordable. Beauté personnifiée en une femme d'exception. Des caractéristiques terrifiantes la plaçant du côté de l'Idéal ou du Spleen ? [...]
[...] Ainsi, il est certain que Baudelaire aurait partagé l'opinion de Delacroix écrivant que : Le beau est le fruit d'une inspiration persévérante qui n'est qu'une suite de labeurs opiniâtres. Du fait de la nature religieuse donnée à l'Art, la création artistique apparaît en effet souvent chez l'auteur du Spleen de Paris comme un véritable combat : L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu note-t-il dans Le Confiteor de l'artiste (Petits poèmes en prose). [...]
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