En juillet 1774 : Goethe longe la rivière Lahn, (traverse donc Rhénanie & Hesse). Il écrit Geistergruss, « Le salut du revenant ».
Il est influencé par Johann Gottfried von HERDER (son mentor et l'initiateur du Sturm und Drang) et déplace certains topoï de ce poème vers l'île mythique de Thulé. Un nouveau poème naît : « Der König in Thule ». Les thèmes de l'amour, de la mort, de la fidélité, du souvenir structurent ce poème tragique, qui est publié pour la première fois en 1782. Dès sa publication, il est mis en musique par le musicien Seckendorff. Par la suite, de nombreux compositeurs écrivent leur mise en musique du Roi de Thulé. Pourquoi tant d'intérêt pour ce poème ?
[...] Un vieux comte Der König in Thule ressemble à un - vieux comte : structure temporelle. Es war emploi prétérit dans les deux premières strophes, contextualisation à la façon des comtes merveilleux. Ce temps renvoie à un passé lointain, vague, qui laisse libre cours à l'imagination. Par ailleurs, la focalisation externe qui caractérise la narration renvoie également à un aspect vieilli. Puis on trouve ce Und als marquant une rupture par l'emploi du présent de narration : temps traduit par le passé simple en français, marquant un récit concentré dans un laps de temps plus précis mais qui n'en demeure pas moins lointain. [...]
[...] Le nom de cette terre aurait pour origine celui d'un marin qui serait, parmi tous les Grecs, celui qui serait allé le plus loin vers le nord. - au vocabulaire simple : langage courant employé dans ce poème - aux thèmes porteurs d'un patriotisme populaire : l'importance de la terre est défendue dans la troisième strophe par exemple. Ainsi, ce poème semble s'inscrire parfaitement dans la tradition du Volklied. Conclusion de la première partie : Herder fut le premier à définir le Volkslied par plusieurs critères : - Témoignage d'authenticité, excluant tout art élaboré par son caractère de spontanéité - Ancien - Anonyme : On ne saurait y admettre des compositions élaborées par des professionnels du chant ou de la poésie. [...]
[...] Ce poème nous invite donc, derrière le thème de la constance amoureuse, à une réflexion sur la condition humaine, par l'opposition entre sa vulnérabilité et la grandeur dont elle est capable. Composé dans une langue poétique imitant les vieux comtes nordiques, artifice visant à l'inscrire dans le genre du Volkslied, ce poème semble avoir tout pour enthousiasmer le patriotisme germanique, d'autant plus qu'on peut le rapprocher du courant du Sturm und Drang par le fait que l'émotion y domine la raison, et que la nature y règne. Tous ces éléments concentrés en quelques six quatrains ont ainsi inspiré bien des compositeurs, parmi lesquels Schubert, Liszt et Schumann. [...]
[...] La boisson qu'il ingurgite est celle du souvenir, or tout souvenir est solitaire. Le banquet, qui célèbre normalement la vie, est ici marqué du choix de la mort par le roi. Le banquet est ainsi associé à la mort, symbolique renforcée par le fait qu'il prend place dans la salle ancestrale (vers 15). Il s'agit donc ici d'un rituel cérémonieux pour le souvenir dans la mort, et non pour l'oubli dans la fête, dans l'insouciance de la vie. Un mariage, une alliance posthume ? [...]
[...] La coupe est d'autant plus divine qu'elle est le lien entre la vie et la mort . La dimension sacrale de la coupe est d'ailleurs bien mise en avant au vers 19 : den heil'gen Becher - Le symbole du Graal se confirme à travers celui des chevaliers de la Table ronde : référence à la chevalerie aux vers 13 et 14, symbolisant la fidélité après la mort par la coupe sacrée. La nature reprenant ses droits - Pas d'allusion à la nature jusqu'au vers 16 : dort auf dem Schloss am Meer : un rappel implicite que rien n'est éternel : le château du roi est construit sur les flots (vers le monde des hommes est bâti sur la nature. [...]
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