Vingt ans, c'est un âge fragile, où les bases de la vie sont en mouvement, et où, vient se greffer, chez nos auteurs, le sentiment nouveau de l'amour. Nous assistons à des tranches de vie d'adolescents, pas tout à fait adultes, qui vont découvrir très vite, trop vite, les vertiges de l'amour.
En quoi ce passage d'un âge à l'autre, qui apparaît comme une crise de l'esprit, rime-t-il parfois avec souffrance chez nos héros et héroïnes ? En quoi, avoir vingt ans, chez nos héros et héroïnes, c'est vivre dans un désordre amoureux qui marquera la reste de la vie ? En quoi cette chrysalide peut-elle transformer l'être en un dangereux personnage ?
[...] Mais Cécile est semblable au narrateur du Diable au Corps. Ils sont tous les deux extrêmement oisifs et fanfarons. Ils aiment la liberté. Et puis, elle aussi, a le diable au corps. Au lieu de s'occuper de ses amours, c'est de ceux de son père dont elle va tenter de manipuler. Elle va mettre au point un plan sadique. Elle va tout faire pour éloigner Anne (une possible future belle-mère) de son père, ne pensant, à aucun instant, aux conséquences de son acte. [...]
[...] Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. » Introduction : « A dix-sept ans, j'ai cru savoir ce qu'était la vieillesse : simplement une première vie où ma deuxième finissait. Je crois que nous passons par des alternations de jeunesse et de vieillesse. Un amour restitue ses dix-huit ans à un quinquagénaire ; une déception quadruple l'âge du jouvenceau. » Cette citation très pessimiste de Raymond Radiguet, dans Désordre, nous donne une vision d'ensemble sur comment est perçu les vingt ans chez nos différents auteurs. [...]
[...] C'est également une mort certaine pour l'héroïne de Proust qui, partagée entre ses envies d'adolescente, et ses obligations de femme, finira par détruire tout ce qui l'entoure avant de se suicider. Elle décide de se marier, mais pendant les fiançailles, elle cède à ses envies et retrouve son amant. Prise sur le fait, sa mère meurt sur le coup d'une crise d'apoplexie. Elle ne pourra alors jamais se le pardonner, et choisira de mettre fin à ses jours. Finalement, l'amour est toujours voué à l'échec. Même si celui-ci nait à l'adolescence. [...]
[...] Mais, pour se déresponsabiliser, Radiguet opte pour une focalisation interne. Nous avons donc à faire à deux narrateurs. Celui dont nous venons de dresser le portrait, et l'autre, qui est un narrateur plus âgé, qui tente d'analyser cette histoire d'amour et de comprendre comment elle a fait de lui un homme. Marthe, au début du Diable au Corps, semble être l'unique et éternel amour du narrateur. Il l'a convoite, fait preuve de timidité, et il doute. Le lecteur prend ses signes d'anxiété comme une preuve de sa sincérité. [...]
[...] Mais, tout comme dans le Diable au Corps, elles sont toutes ponctuées par la manipulation et le mensonge. La morale est mise à l'épreuve dans le roman d'André Gide. Les adolescents côtoient, sans tabou, la prostitution. Une pratique courante qui, finalement, va atténuer quelque peu cette atteinte à la morale. Le monde sort tout juste de la guerre mondiale, et la jeunesse s'empresse d'imposer ses règles et ses valeurs contestataires. Gide dresse un portrait hors normes de l'amour, il nous parle d'homosexualité, d'amitiés amoureuses Finalement, les couples qui respectent l'ordre moral, comme Douviers et Laura ou encore les Molinier, apparaissaient comme des stéréotypes de l'amour bancale, ennuyeux et impuissant. [...]
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