Ce texte constitue la conclusion du chapitre 31, livre I des Essais intitulé « Des Cannibales ». On assiste ici à une confrontation, un choc entre deux civilisations que tout oppose : les peuplades dites « sauvages » du Nouveau Monde et les Occidentaux. Montaigne utilise une anecdote réelle, qu'il a vécue pour donner du crédit à son argumentation. Il invite son lecteur à porter un regard nouveau sur notre civilisation en faisant une satire de la société française sous Charles IX, en brossant le portrait très humain des cannibales mais aussi en s'impliquant personnellement dans ses propos.
[...] Analyse du monde des cannibales : monde très organisé, ils reconnaissent un chef. Hiérarchie fondée sur la force physique mais avec un grand sens de l'égalité, de la justice et du bonheur ; l'un des cannibales en visite à Rouen est un capitaine : son rang lui confère un pouvoir mesuré, en rien tyrannique, contrairement à certains hommes puissants européens. Plaisirs simples, sans excès, qui ne les rendent que plus agréables (grandeur du capitaine, haussée par son humilité). Ce portrait très flatteur des cannibales rallie bien évidement le lecteur à l'avis de l'auteur. En effet, cette description repose avant tout sur l'objectivité ; enfin, le regret exprimé par Montaigne d'avoir eu un mauvais « truchement » souligne la justesse des propos qu'il a pu tenir malgré tout. (...)
[...] Leur extrême humanité, générosité, sensibilité est mise en avant. Grâce à des mots et un vocabulaire très simples, avec par exemple le rythme ternaire homme portant barbe, forts et armés ; les cannibales parviennent à mettre en lumière certaines incohérences de la hiérarchie française : langage faussement naïf des cannibales. Pour les cannibales, l'homme est une moitié : cela veut dire qu'il n'existe pas sans l'autre (idéal de justice). Ton simple qui prend le relai du langage faussement naïf ; rend l'injustice sociale d'autant plus cruelle. [...]
[...] Montaigne utilise une anecdote réelle, qu'il a vécue pour donner du crédit à son argumentation. Il invite son lecteur à porter un regard nouveau sur notre civilisation en faisant une satire de la société française sous Charles IX, en brossant le portrait très humain des cannibales mais aussi en s'impliquant personnellement dans ses propos. Il s'agira donc de voir comment le texte développe une profonde critique de la société française, qui s'appuie sur le portrait des cannibales ainsi que sur l'essor de la parole propre à l'auteur : l'implication humaniste. [...]
[...] Analyse du monde des cannibales : monde très organisé, ils reconnaissent un chef. Hiérarchie fondée sur la force physique mais avec un grand sens de l'égalité, de la justice et du bonheur ; l'un des cannibales en visite à Rouen est un capitaine : son rang lui confère un pouvoir mesuré, en rien tyrannique, contrairement à certains hommes puissants européens. Plaisirs simples, sans excès, qui ne les rendent que plus agréables (grandeur du capitaine, haussée par son humilité). Ce portrait très flatteur des cannibales rallie bien évidement le lecteur à l'avis de l'auteur. [...]
[...] Le passage autour du roi est une nouvelle façon de ridiculiser la société française : les cannibales ne parviennent à concevoir qu'un garçon de 12 ans puisse commander. On a donc une opposition entre une société basée sur les symboles (la figure du roi, la forme des maisons), et une société faisant preuve de bon sens. Confusion compréhensible soulignée par le mot à connotation péjorative enfant : dénonciation de toute une aberration occidentale, et mise en relief de la fragilité de cette société, gouvernée par un enfant dont le terme même va avec une certaine idée de la fragilité, l'immaturité. [...]
[...] Le Roy parla à eux long temps ; on leur fit voir nostre façon, nostre pompe, la forme d'une belle ville. Apres cela quelqu'un en demanda leur advis, et voulut sçavoir d'eux ce qu'ils y avoient trouvé de plus admirable : ils respondirent troischoses, d'où j'ay perdu la troisiesme, et en suis bien marry ; mais j'en ay encore deux en memoire. Ils dirent qu'ils trouvoient en premier lieu fort estrange que tant de grands hommes, portans barbe, forts et armez, qui estoient autour du Roy (il est vray-semblable que ils parloient des Suisses de sa garde), se soubsmissent à obeyr à un enfant, et qu'on ne choisissoit plus tost quelqu'un d'entr'eux pour commander ; secondement (ils ont une façon de leur langage telle, qu'ils nomment les hommes moitié les uns des autres) qu'ils avoyent aperçeu qu'il y avoit parmy nous des hommes pleins et gorgez de toutes sortes de commoditez, et que leurs moitiez estoient mendians à leurs portes, décharnez de faim et de pauvreté ; et trouvoient estrange comme ces moitiez icy necessiteuses pouvoient souffrir une telle injustice, qu'ils ne prinsent les autres à la gorge, ou missent le feu à leurs maisons. [...]
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