[...] Les mains de Chauvin sont lourdes, « de plomb » (l.5). Elles sont, tout comme celles de Anne, « froides » (l.6) et « figées dans leur pose mortuaire » (l.11). Elles restent « froides et tremblantes » jusqu'au bout (l.86, 87). Le « regard » de Anne est « absent » (l.24), sa voix est « mince » (l.24) et celle de Chauvin « sans timbre » (l.30). Le visage d'Anne a une « expression terne » (l.37), ses « lèvres » « grises » « tremblaient » (l.39, 40). Ils semblent être à l'agonie.
[...] Le dernier partage du vin (l.43/46) évoque la Cène, ultime repas de Jésus-Christ et ses apôtres au cours duquel il instaure le sacrement de l'Eucharistie. Le pain rompu représente son corps, le vin bu, le sang qui doit laver les péchés des pêcheurs et leur permettre d'atteindre la vie éternelle dans le royaume de Dieu. A tour de rôle, Chauvin et Anne boivent « un peu » de vin (l.43), « à petites gorgées » (l.44) alors que dans les chapitres précédents elle avalait le vin par verre entier. (...)
[...] 48) et finit par dire catégoriquement non (l.52). II La libération de Anne : Un baiser déroutant : Le baiser final est déroutant parce qu'il ne correspond pas à l'expression du désir : les mains et lèvres sont froides et hésitantes car elles tremblent. Jusque là, le désir fantasmé était symbolisé par le magnolia et sa forte odeur. Or, ici, le désir est chaste car les mains obéissent à un rituel, un acte mécanique. Ce baiser est donc un adieu, l'antithèse de la passion avant la mort symbolique, il est accompli comme une obligation, dans la seule intention que ce le fut (l.9). [...]
[...] Marguerite Duras, Moderato Cantabile Texte pages 118 à 121 Passage étudié: depuis La plainte d'Anne Desbaresdes reprit jusqu'à Ce fut fait Introduction : Marguerite Duras est une écrivaine, dramaturge, scénariste et réalisatrice française du XXème siècle. Elle est connue pour la diversité et la modernité de ses romans dont le plus connu, L'Amant, a obtenu le prix Goncourt en 1984. Dans Moderato cantabile, l'auteur dépeint une jeune bourgeoise, Anne Desbaresdes, qui souffre de son désaccord avec son milieu d'origine. Ce passage voit sa rupture avec un amant platonique, Chauvin. [...]
[...] 84) mais aucune émotion n'est transmise. La voix d'Anne est raisonnable (l. elle ne semble pas être sous le coup de la passion. Et tout autour d'elle, tout s'arrête : le couchant se vautra (l.69), le ciel s'immobilisa (l.71), la sirène cessa (l.75). Nouvelle répartition des rôles : Anne prend l'initiative de poser de nouveau sa main sur la table (l. comme une offre de caresse. Lui, se contente de suivre son geste des yeux (l. 3). Puis, à la fin du passage, tandis qu'il s'approcha de la table (l. [...]
[...] Il affirme même je ne sais rien, comme vous (l. 50/51) et avoue son incapacité à embrasser Anne je ne peux pas (l. 80). La couleur fauve du couchant fait écho à la fureur d'Anne, à son désir de liberté, à sa recherche de vérité. La nature et la sirène appellent Anne à s'émanciper. Conclusion En conclusion, l'atmosphère entourant la séparation est à la fois mortuaire et religieuse. La rupture est déroutante à deux égards : par sa froideur indifférente et par sa fonction libératrice. [...]
[...] Le pain rompu représente son corps, le vin bu, le sang qui doit laver les péchés des pêcheurs et leur permettre d'atteindre la vie éternelle dans le royaume de Dieu. A tour de rôle, Chauvin et Anne boivent un peu de vin (l.43), à petites gorgées (l.44) alors que dans les chapitres précédents elle avalait le vin par verre entier. On a donc ici une communion des personnages avec une certaine solennité à travers la répétition du rituel. L'idée de rédemption est reprise aux lignes 56/61 lorsque Chauvin emploie le futur pour parler des actions de la femme assassinée représentée par le pronom personnel sujet elle (l. 55/60). [...]
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