Situation du texte et de l'extrait
Le meilleur des mondes est un roman de science-fiction de l'écrivain anglais Aldous HUXLEY. Publié en 1932, ce texte est une contre-utopie, qui décrit la peur, le cauchemar, résultant du progrès scientifique dans le domaine de la biologie et des manipulations génétiques.
L'extrait que nous avons à étudier est situé au milieu du chapitre 3. Le livre contient dix-huit chapitres. Ce chapitre 3 se distingue par son ampleur : c'est le plus long du roman. Notre extrait est constitué de deux paragraphes juxtaposés, séparés par des blancs typographiques. En effet, il n'y a pas de continuité narrative entre le premier dialogue et le deuxième. Ces deux dialogues parlent des relations homme/femme.
Problématique
Sous l'ère Ford, dans laquelle est placée l'intrigue du roman, les émotions n'existent pas, ou tout au moins sont conditionnées comme le reste des activités humaines. Le texte indique ainsi, juste avant notre extrait : « vous préserver de ressentir même des émotions ». La liberté, l'intimité, n'existent pas : selon la formule, « chacun appartient à tous les autres ». Il n'y a pas de continuité non plus, pas d'Histoire : « le D.I.C est opposé à tout ce qui est intense ou qui traîne en longueur ».
L'extrait nous invite donc à réfléchir sur les relations amoureuses comme représentatives des rapports interpersonnels entre les hommes : sur le désir, l'attirance, sur la fidélité, sur la possibilité d'une relation prolongée et intime.
Plan
Nous examinerons donc comment ce passage évoque le début d'une histoire d'amour, avant d'expliciter sa façon de remettre en cause le conditionnement fordien.
Axe 1) L'embryon d'une double histoire d'amour :
A partir de deux situations symétriques, le romancier trace les premiers signes d'une histoire d'amour sous la forme d'aveux indirects. (...)
[...] En effet, la Forderie est hiérarchisée en groupes qui possèdent, chacun, leurs caractéristiques et qui, donc, ne se mélangent pas. Bien que sa petite taille et sa laideur le rattacheraient plutôt aux Gammas, Bernard Marx est un Alpha-plus très intelligent. En revanche, Lenina est infirmière (p.35), habillée en vert (p.69) comme les Gammas, ressemble à la Bêta-plus aux cheveux dorés (p.190- chap.11). Or le renversement des statuts est exprimé par la comparaison de Lenina à la fin de notre extrait : la timidité de Bernard lui apparaît aussi surprenante que l'inversion de leur caste. [...]
[...] Bernard est un Alpha-Plus. D'ailleurs, il m'a invitée à aller avec lui dans l'une des Réserves à Sauvages. J'ai toujours désiré voir une Réserve à Sauvages. - Mais sa réputation ? - Que m'importe sa réputation ? - On dit qu'il n'aime pas le Golf-Obstacles. - On dit, on dit railla Lenina. - Et puis, il passe la plus grande partie de son temps tout seul . seul. [...]
[...] De sa place, de l'autre côté de la même travée du vestiaire, Bernard Marx surprit ce qu'ils disaient, et pâlit. - Puis, à vrai dire, fit Lenina, je commence à ressentir une pointe d'ennui, à n'avoir personne que Henry tous les jours. –Elle enfila son bas gauche. - Connaissez-vous Bernard Marx ? demanda-t-elle d'un ton dont le détachement excessif était évidemment forcé. Fanny parut avoir un sursaut de surprise : - Vous ne prétendez pas ? . - Pourquoi pas ? [...]
[...] Il le prépare à saisir toute la richesse des éloges qui vont être faits. l'éloge du partenaire : C'est à la forme affirmative dit que Henry Foster brosse un portrait élogieux, bien que succinct, de Lenina. Son implication se manifeste dans l'utilisation de la première personne je m'étonne de l'interjection évaluative oh ! La mise en valeur de la jeune femme est réalisée par les adjectifs magnifique et pneumatique associés par la rime, ainsi que par l'adverbe de manière merveilleusement trois termes à valeur superlative. [...]
[...] Par une subtile allusion à la filiation idéologique entre le philosophe Karl Marx et le révolutionnaire russe Lénine, dans le roman c'est Marx (Bernard) qui fait une proposition à Lenina il m'a invitée à aller avec lui dans l'une des Réserves à Sauvages Enfin, la position de Bernard Marx comme témoin caché Bernard Marx surprit ce qu'ils disaient conduit à penser qu'il peut être porte-parole de l'auteur : il est seul, différend des autres, il prend de la distance à l'égard du conditionnement fordien. Il porte d'ailleurs le même prénom qu'un autre humoriste anglais cité dans le roman (p.43- chap. George Bernard Shaw. 2ème idée) Saper les bases du conditionnement : La réticence de Bernard, qui est d'abord intellectuelle comme celle du philosophe qui lui sert de patronyme, est la première forme de résistance à l'orthodoxie fordienne. [...]
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