La Curée, Emile Zola, Rougon-Macquart, Second Empire, satire
« Dans l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, La Curée est la note de l'or et de la chair ». C'est ainsi que l'écrivain naturaliste Emile Zola définit, en 1872, le deuxième roman de sa fresque littéraire les Rougon-Macquart. En effet, en écrivant cette série, l'auteur avait pour projet de dépeindre la société du Second Empire à travers le parcours et l'évolution d'une seule et même famille. Ce second tome est centré sur la relation incestueuse qu'entretient Renée avec son beau-fils, Maxime, et sur l'arrivisme de son mari Saccard. Justement, dans cet extrait, Saccard vient d'organiser un fastueux bal costumé auquel se rendent Eugène, devenu ministre, et d'autres personnages politiques de premier plan. Alors comment la description de cette soirée mondaine constitue-t-elle une satire implicite de la société du Second Empire ?
[...] Ce passage effectue donc un parallèle avec le titre de l'œuvre, puisque le lecteur assiste à La Curée Avant Zola, Alain-René Lesage avait déjà critiqué les vices et les malversations liés à l'argent dans Turcaret en 1709. Dans cette comédie, un ancien laquais nommé Turcaret était parvenu à la fortune en participant aux trafics qui s'opéraient autour de la collecte des impôts sous l'Ancien Régime. Frontin, un valet, avait fini par le voler et avait conclut la pièce sur ces mots : Voilà le règne de M. Turcaret fini ; le mien va commencer ! Une phrase qui s'applique tout à fait à la situation de corruption dans La Curée. [...]
[...] Parfois, certaines des ces allusions comiques ont un but autre que de divertir, elles effectuent une critique : elles sont donc ironiques. Lors de ce bal orgiaque, la seule personne respectueuse et éduquée se révèle être Baptiste, le domestique, qui se voit obligé de rappeler à l'ordre cette assemblée indigne à coup de Doucement (l.17-18). Cette situation inversée, où le laquais se voit obliger de dompter ses sauvages maîtres, révèle que malgré son statut et son faste la haute bourgeoisie du Second Empire n'a pas d'éducation, pas de manière ou de valeurs de respect. [...]
[...] La description de la scène se fait très dynamique afin de rendre compte le plus exactement possible de l'impression de tumulte qui inonde la pièce. Ainsi, les verbes de mouvements se trouvent en abondance dans ce passage se ruait enfonçant courant (l.24). L'atmosphère mouvementée est aussi rendue par la variation entre l'imparfait duratif avalaient (l.22), buvaient (l.24) pour décrire l'inlassable désordre qui règne dans la salle à manger. Puis la succession de passés simples avec des verbes d'action tels que allongea (l.32), l'emporta (l.33), revinrent (l.35). [...]
[...] Ce banquet est donc prétexte à une critique virulente de la haute société sous le Second Empire. En effet, dans ce passage le buffet est une métaphore Paris qui est pillée de toutes parts par des assaillants dont les mains se rencontraient au milieu des viandes (l.10-11). Tous veulent arriver les premiers afin d'acquérir une partie de la richesse de Paris de trouver les plats vides (l.14). Le préfet va même faire allusion à la cohue autour des buffets lors des fêtes aux Tuileries, palais impérial sous Napoléon III c'est bien pis aux Tuileries »(l.29).Tout d'abord, Zola s'attaque à la corruption qui berce cette bourgeoisie parisienne. [...]
[...] La Curée est un terme de vénerie qui désigne la partie de la bête que l'on donne en pâture à la meute sur le cuir même de la bête que l'on vient de dépouiller. Cette satire carnassière évoque aussi un retour à l'instinct animal, et donc compare les personnages présents à ce bal à des bêtes affamées à l'appétit insatiable On a déjà bu trois cents bouteilles (l.51). Dans ce passage, Zola fait donc la critique implicite de la haute société sous le Second Empire à travers la métaphore du buffet mais aussi celle du titre de l'œuvre puisque dans cet extrait nous assistons à La Curée Au travers de cette description dynamique, Zola nous dresse donc un tableau impressionniste du bal organisé chez Saccard. [...]
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