Enquoi le discours virulent du vieillard à l'encontre des européens n'est-il qu'un moyen pour faire l'éloge de la vie sauvage ?
[...] Diderot souhaite convaincre et persuader son lecteur par tous les moyens. Le recours au discours oratoire du vieillard n'est pas sans intérêt. Il est d'autant plus percutant dès lors qu'il lance des questions rhétoriques destinées à remettre en cause les comportements des européens, comme on le remarque notamment lignes 18-19 « Tu n'es ni un dieu, ni un démon, qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? ». Il parvient grâce à son énumération de questions à susciter des émotions fortes telles que l'indignation ou la colère. [...]
[...] Au second chapitre, Diderot relate le discours d'adieux vigoureux du vieillard au départ des colons européens. Il dresse un véritable réquisitoire contre la civilisation européenne dont il dénonce la violence et la perversion pour mieux faire l'éloge de la vie heureuse des Tahitiens en harmonie avec la nature. En quoi le discours virulent du vieillard à l'encontre des européens n'est-il qu'un moyen pour faire l'éloge de la vie sauvage ? Nous nous intéresserons tout d'abord au discours du vieillard en lui-même avant de nous concentrer sur le tableau utopique de la vie sauvage que dresse Diderot. [...]
[...] Son auditoire se compose également du lecteur que Diderot tend à percuter par son récit. Les marques du discours oratoires qui parsèment le texte reflètent la virulence du propos. En effet, la ponctuation exclamative ou encore l'énumération de questions rhétoriques (lignes 26-29) apportent non seulement de l'oralité mais traduisent également l'indignation du vieillard. Le ton violent adopté contribue aussi à mieux percuter l'auditoire. La fureur perceptible dans son discours se remarque aussi par les allitérations en « r » en « p » ou encore en « t » qui appuient l'agressivité du protagoniste. [...]
[...] Les tahitiens sont associés à « des enfants » ligne 26 qui vivent en suivant « le pur instinct de la nature ». Diderot partage la vision de Rousseau en concevant l'homme comme un être pur et non corrompu par les sociétés dites civilisées. Il est intéressant de remarquer que le peuple Tahitien est désigné par le pronom personnel « nous » ligne 11. Diderot le présente comme une communauté unie et soudée autour de valeurs fortes mais simples, à savoir le respect, la fraternité, le partage mais surtout la liberté. [...]
[...] Par ailleurs, les européens sont associés à la perversion en ce qu'ils n'apportent que le désordre. Le vieillard déplore leurs méfaits qui viennent dénaturer la civilisation paisible et sauvage des Tahitiens. Les européens sont caractérisés par le non respect, la violation des libertés ou encore par le vol. C'est pourquoi le sage vieillard décrit Bougainville comme le « chef des brigands » ligne 10. Diderot joue sur le contraste entre les deux civilisations, alors que les européens sont décrits comme « méchants » ligne les tahitiens sont peints comme « innocents » ligne 11. [...]
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