Livre IV, Contemplations, poème 5, Victor Hugo, Léopoldine, mort, fille-muse, Claire Perrier
Victor Hugo sépare son œuvre Les Contemplations en deux parties clairement distinctes, qu'il oppose par un cercueil, celui de sa fille, Léopoldine. Celle-ci, morte à 19 ans avec son mari par noyade en 1843, devient alors, dans ce qui n'était encore qu'un projet de recueil poétique, le pivot de la construction poétique de l'œuvre.
[...] Celle-ci est vue, non comme une simple enfant qui produit des gribouillis, mais comme une femme-enfant dont les arabesques suggèrent la poésie qu'elle renferme en elle. L'allitération en l suggère l'envol irrésistible qu'elle produit et qui gagne le poète. Les pages blanches qu'elle froisse sont ensuite utilisées par le poète. Pendant qu'il poursuit son travail créateur, il rencontre donc des signes laissés par sa Muse, et ces traces concrètes sont celles qui l'inspirent, le soutiennent lors du processus d'écriture. V.13 : en effet, par le où en début de vers, nous comprenons que c'est sur ces pages froissées par la main de sa fille, qu'Hugo écrit. [...]
[...] C'est aussi un animal qui vole, et à nouveau, on peut voir dans cette comparaison une image de la fillette qui emmène son poète-père avec elle dans le ciel. Enfin ce vers peut être considéré dans un double sens : Hugo évoque le départ de sa fille le matin lorsqu'elle était enfant. Mais ne peut-on pas voir aussi dans ce vers le départ définitif de sa fille, cette mort si soudain(e) et qui l'a vue traverser la vie comme un oiseau qui passe ? [...]
[...] Cette similitude de goûts insiste sur la relation intense du père et de sa fille, du poète et de sa Muse. En faisant rimer les vers écrits et les prés verts Hugo mêle écriture et vie, poésie et Nature, travail du père et préférence de la fillette. Par ailleurs, le chiasme Dieu, astres et fleurs, prés verts présentent Léopoldine comme un être entre terre et ciel, entre infiniment petit et infiniment grand, comme un intermédiaire qui emmène le poète toujours plus haut et plus loin. [...]
[...] Le désordre crée par la fillette que l'on aurait pu croire gênante est au contraire apaisant et source d'équilibre comme le suggère le balancement régulier en hémistiches des alexandrins qui se poursuit jusqu'au vers 13. Les enjambements successifs dans ces vers traduisent l'entremêlement des jeux de l'enfant avec le travail du poète, tandis que les allitérations en l m s donc des sonorités agréables à l'oreille et douces, créent une harmonie qui suggèrent les liens affectueux, spirituels et poétiques unissant les deux êtres. Hugo parle d'« arabesque pour parler des dessins de sa fille. [...]
[...] D'où notre hypothèse de lecture : Comment l'évocation de sa fille permet-elle à Hugo de surmonter sa douleur et de reprendre son rôle de poète ? Composition : I. Première présentation de sa fille à travers l'évocation d'un rituel quotidien. II. L'influence de la fille-Muse sur le travail créateur du poète. III. Nostalgie de la vie heureuse d'antan. IV. [...]
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