Camus, "La Peste", le prêche du Père Paneloux : commentaire

Résumé du document

[...] a) L'argument
Le père Paneloux fait chaque jour un prêche auquel de plus en plus de fidèles assistent, cet extrait nous montre la journée où le public atteint son paroxysme. Paneloux voit dans l'épidémie de la peste une punition divine, un châtiment céleste « vous l'avez mérité » (l 8) « les méchants ont raison de trembler » (l 35/36). Pour justifier cet argument, il s'appuie sur un exemple d'autorité la Bible et plus particulièrement sur « le texte de l'Exode » (l 16) qui évoque la manifestation de la peste comme un « fléau » (l 17 et 20) pour punir le pharaon qui s'oppose a la volonté divine. Il distingue « les justes » (l 34) et les méchants ? « les orgueilleux et les aveugles » (l 21) ? mais il ne se classe pas parmi les justes car il emploie le pronom personnel « nous » (l 49). Le prêtre est un pécheur comme les autres. Il les culpabilise puis les exhorte à se repentir et à réfléchir (l 32 à 34).

[...] La tonalité pathétique employée dans le discours vise à terrifier l'auditoire. Les mots frappent et font peur, la question du bien et du mal est posée. Cependant, l'ironie et la satire peuvent prendre le relais de ce registre, en particulier à la ligne 13 lorsque le narrateur voit clair dans le jeu de Paneloux et qualifie son prêche de « procédé oratoire habile » (l 13) qui « assène un coup » (l 14). (...)

Extraits

[...] Nous verrons tout d'abord que l'auteur met en scène le prêche de Paneloux puis qu'il rend cette scène pathétique. I Le prêche de Paneloux L'argument Le père Paneloux fait chaque jour un prêche auquel de plus en plus de fidèles assistent, cet extrait nous montre la journée où le public atteint son paroxysme. Paneloux voit dans l'épidémie de la peste une punition divine, un châtiment céleste vous l'avez mérité les méchants ont raison de trembler 35/36). Pour justifier cet argument, il s'appuie sur un exemple d'autorité la Bible et plus particulièrement sur le texte de l'Exode 16) qui évoque la manifestation de la peste comme un fléau 17 et 20) pour punir le pharaon qui s'oppose a la volonté divine. [...]

[...] Ainsi, il s'appuie sur le rebord de la chaire donc domine son public d'une part parce qu'ils sont assis sur une chaise 28) alors que Parneloux est debout et d'autre part, parce que la chaire est toujours placée en hauteur dans une église. Leur différence de niveau s'accentue ensuite quand après les avoir incités à s'accroupir tombez à genoux ils s'exécutent se laissèrent glisser de leur chaise sur le prie-dieu 28/29). Agenouillés sur cette chaise basse, il ne leur reste qu'à implorer Dieu de leur pardonner leurs péchés. [...]

[...] Il reçoit le prix Nobel en 1957. La peste écrite en 1947 dénonce la guerre et le fascisme. C'est une œuvre universelle car elle aborde la condition humaine face à laquelle Camus propose une morale. Le roman se situe à Oran dans les années 40. Dans cet extrait, la peste a déjà fait des morts et de plus en plus de monde vient assister au prêche du père Paneloux. Comment ce passage invite-il à une réflexion sur le mal et la justice? [...]

[...] Il apostrophe les fidèles avec l 'anaphore mes frères 7 et puis le pronom personnel vous 38). Cet exorde direct crée un lien fort et permet à Paneloux de s'intégrer, de partager leurs péchés puis de leur montrer la voie pour s'en sortir. La personnification de la ligne 33 la peste vous regarde veut faire croire que ce malheur n'est pas dû au hasard mais qu'elle choisit ses pécheurs. Quand Paneloux assimile le monde à une immense grange de l'univers il veut frapper l'auditoire par un champ lexical agricole que le public peut facilement imaginer. [...]

[...] Conclusion: Albert Camus nous incite à réfléchir sur la justice et le mal au travers d'un prêche argumentatif et rhétorique dont il dramatise la mise en scène. La Peste est une œuvre inclassable: roman, pièce en cinq actes ou apologue à visée morale, elle nous livre les diverses réactions humaines face à un fléau. Si Paneloux pousse ses fidèles au repentir, leur survie dépendant de Dieu ; Rieux comme Tarrou et Grand aident concrètement les malades par leurs soins tandis que Cottard est le seul à tirer profit de la peste. [...]