Commentaire composé de la fable de Jean de La Fontaine Le Pouvoir des Fables : comment La Fontaine parvient-il à faire de cette fable un argument et un exemple concret du pouvoir de l'apologue ?
[...] L'art de la persuasion, ce qui représente tout le pouvoir des fables, est mis en scène par le fabuliste au moyen du procédé de la fable dans la fable. Ce procédé lui permet d'illustrer sa conception de la fable qui possède selon lui un moyen efficace de répondre au dogme antique du classicisme placere et docere c'est-à-dire plaire et instruire. Au travers de l'anecdote de l'Orateur, le récit et la narration trouve toute sa justification : elle permet en effet de frapper le lecteur et de le captiver grâce à des personnages et des situations concrètes, vivantes et familières. [...]
[...] Lorsque La Fontaine publie ses premiers recueils, la fable n'a pas encore conquis ses lettres de noblesse et continue d'être considérée comme un genre mineur. Dans la fable IV, le Pouvoir des Fables, extraite de son huitième livre, La Fontaine met en scène un orateur grec, qui, voulant prévenir son peuple d'un danger qui le menace harangue son peuple d'un discours tout de rhétorique. Son éloquence s'avère vaine et devant l'inattention de son auditoire, l'Orateur décide de changer de stratégie argumentative. [...]
[...] En effet, Démade ne fait pas attention au peuple athénien, décrit dès le premier vers de la fable au moyen de l'expression peuple vain et léger ou encore comme un animal aux têtes frivoles en souvenir du poète Horace qui appelait le peuple romain monstre aux multiples têtes Comme le souligne la présence du terme république les valeurs fondamentales de la société athénienne, figure historique de la démocratie, sont la liberté et le consentement du peuple. Or ici, l'orateur brime son auditoire. [...]
[...] L'allitération en présente au début du vers 2 il parla fortement sur le commun salut. On ne l'écoutait pas montre l'inefficacité de sa rhétorique au travers d'une totalité rendue trainante et, de ce fait, incapable de susciter l'attention des Athéniens dont le brouhaha qui l'anime est mis en évidence par l'allitération en : Courant à la tribune ; et d'un art tyrannique La Fontaine prend plaisir à détruire et dénoncer l'éloquence. L'octosyllabe à ces figures violentes enchâssé entre deux alexandrins, genre noble de la poésie, met également en évidence l'inefficacité des procédés de celle- ci, tout comme la diérèse présente sur le mot vi-olence qui souligne une fois encore l'impuissance de la rhétorique à capter l'attention du public tout comme l'alexandrin binaire présent au vers 10 : Le vent emporta tout ; personne ne s'émut C'est en observant le peuple que Démade prend conscience que tous regardent ailleurs et en voyant certains s'arrêter à des combats d'enfants il comprend que son assemblée est bien plus attentive à l'action et aux faits qu'aux mots. [...]
[...] Ce dernier, d'abord comparé à une tempête, comme le montre la présence du verbe tonner ainsi que l'expression : le vent emporta tout est d'une extrême violence : il parla fortement ; tonna, dit ce qu'il put mais rapidement l'Orateur est ironiquement caractérisé par le terme le harangueur c'est-à-dire celui qui fait des discours long et ennuyeux. Déjà, le lecteur comprend que la stratégie adoptée par Démate est mauvaise puisque violente et éloquente, elle ne fonctionne pas. La Fontaine met également la versification au service de sa critique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture