[...] Dans ce passage, les survivants les moins épuisés sont sur le point de partir chercher du secours. Les vivres qui restaient ont été distribuées et la suggestion de Pat de manger de la chair humaine se concrétise dans ce passage. Comment l'auteur met-il ici en scène le débat intérieur d'un individu partagé entre son instinct de survie et sa conscience ?
[...] Mis devant le fait accompli -les cadavres ont été accommodés pour être consommés- les survivants doivent prendre une décision. Les autres personnages sont beaucoup plus hésitants et confrontés à un dilemme déchirant. Contrairement au théâtre classique où le dilemme revêt la forme d'un monologue délibératif (comme Hamlet dans la pièce éponyme qui s'interroge « to be or not to be? »), il est remplacé par une nouvelle dispute précédée de scrupules et de consciences résiduelles.
[...] Côté femmes, Sue, Pat et Nan s'opposent à Bess. Nan cite deux fois Pat comme étant l'initiatrice de l'idée de manger les cadavres « Pat en a parlé la première fois »
(l. 32/33), « Quand Pat a dit ça » (l. 38). Elle n'assume pas ce choix qu'elle attribue soit à Pat soit à son père ligne 39 « J'ai entendu la voix de papa » derrière lequel elle se réfugie car elle est encore jeune. (...)
[...] Nan cite deux fois Pat comme étant l'initiatrice de l'idée de manger les cadavres Pat en a parlé la première fois (l. 32/33), Quand Pat a dit ça (l. 38). Elle n'assume pas ce choix qu'elle attribue soit à Pat soit à son père ligne 39 J'ai entendu la voix de papa derrière lequel elle se réfugie car elle est encore jeune. Pour Bess, le sacré doit l'emporter, elle est pieuse, elle s'oppose à Pat pour qui la vie est ici et maintenant. [...]
[...] Dick n'approuve pas Sue (l. 42/43). Elle n'a pas à faire de reproches ni à exprimer de plaintes car personne ne l'a autorisé à faire ce qu'elle a fait je voudrais savoir Miss Beaver comment vous vous êtes crue autorisée Bess s'accorde sur ce point (l. 45) et elle appelle Bob, son époux, à prendre partie mais ce dernier se dérobe. Son oui (l. 56) est très ambigu car il peut répondre à plusieurs questions précédentes. Jack, mis devant le fait accompli, bien que surpris, est prêt à accepter. [...]
[...] Nan utilise les pronoms en (l. 32) et le (l.40). Bess elle aussi ne cite pas l'acte directement et emploie le pronom Ce (l. 50). Ces pronoms prouvent qu'aucun survivant n'ose employer le terme d'anthropophagie. Cependant, les personnages sont en pleine métamorphose, ils changent de mentalité, se montrent en pleine régression. Un acte barbare sacralisé Le conflit entre Bess et les autres femmes crée une atmosphère tendue : Sue diminue la gravité de la chose en affirmant que cette viande est séchée (l. [...]
[...] Pat, par sa réplique laconique la vie (l. fait prévaloir la vie terrestre sur la vie éternelle. Pour être assumé, l'acte est accompli au nom d'un intérêt supérieur qui est celui de la vie. Nan, Pat et Sue transgressent l'interdit en son nom. On remarque que comme dans la Genèse, la transgression se situe du côté féminin et que les hommes ne font que suivre la tentatrice. Conclusion : L'auteur met en scène le dilemme en opposant deux groupes de protagonistes : d'un côté, Nan, Pat, Sue, Jack et Ed sont plus ou moins prêts à passer à l'acte anthropophage et d'un autre Bess et Dick qui s'y refusent. [...]
[...] Michel Vinaver, L'Ordinaire Texte 2 : p 79 à 82 Passage étudié : depuis Mister Lamb ça n'est suffisant ni pour les uns ni pour les autres jusqu'à La vie Introduction : Michel Vinaver est un écrivain et un dramaturge né en 1927. Il a obtenu en 2006 le Grand Prix du Théâtre de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre. La pièce L'Ordinaire, dont est tiré cet extrait, s'inspire d'un fait divers survenu en 1972 lorsque des rugbymen se sont écrasés dans la Cordillère des Andes et pour survivre, ont dû devenir anthropophages. [...]
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