Commentaire littéraire d'une tirade du roi Bérenger tirée de la pièce Le roi se meurt d'Ionesco.
[...] Il est entouré de ses deux reines Marie, aimante et douce, et Marguerite, implacable ainsi que de sa femme de chambre Juliette et de son médecin. LE ROI, à Marie, puis à Marguerite. Bonjour, marie. Bonjour, Marguerite. Toujours là ? Je veux dire, tu es déjà là ! Comment ça va ? Moi, ça ne va pas ! Je ne sais pas très bien ce que j'ai, mes membres sont un peu engourdis, j'ai eu du mal à me lever, j'ai mal aux pieds ! Je vais changer de pantoufles. [...]
[...] Comme son langage, ses préoccupations n'ont plus de caractère noble. Il est soucieux de lui-même, de ses pieds de ses côtes de sa tête il pense surtout à lui. Aucun mot des autres personnages n'arrive après ses pantoufles les toiles d'araignée et sa chambre à coucher Quand il parle de son royaume, c'est pour éviter pour lui-même des désagréments supplémentaires et en même temps un royaume révélateur de son gouverneur. Quand il évoque ses sujets, c'est pour les rabaisser comme les ingénieurs car il affirme qu'ils ne valent rien ».Ce n'est plus l'abnégation d'un roi mais davantage le signal d'une foudre qui arrivera bientôt. [...]
[...] Pourquoi a-t-on fermé l'Ecole Polytechnique ? Ah, oui Elle est tombée dans le trou. Pourquoi en bâtir d'autres puisqu'elles tombent dans le trou, toutes ? J'ai mal à la tête, par-dessus le marché. Et ces nuages J'avais interdit les nuages. Nuages ! Assez de pluie. Je dis : assez. Assez de pluie. Je dis : assez. Ah ! [...]
[...] Ainsi, nous avons droit à un univers de la négation. Les phrases sont majoritairement construites sur un ton négatif : ça ne va pas je ne sais pas les nôtres ne valent plus rien nous n'en avons pas il n'en finit plus Il semble régner l'image d'un royaume et d'un univers qui se dégradent pour accompagner son roi. Il y a aussi l'atmosphère de l'incertitude qui apparaît avec peut- être on dirait mais aussi par les questions sans réponses : Pourquoi ? [...]
[...] J'ai peut-être grandi ! J'ai mal dormi, cette terre qui craque, ces frontières qui reculent, ce bétail qui beugle, ces sirènes qui hurlent, il y a vraiment trop de bruit. Il faudra tout de même que j'y mette bon ordre. On va tâcher d'arranger cela. Aïe, mes côtes ! (Au Docteur.) Bonjour, Docteur. Est-ce un lumbago ? (Aux autres.) J'attends un ingénieur étranger. Les nôtres ne valent plus rien. Cela leur est égal. D'ailleurs, nous n'en avons pas. [...]
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