Écrivain français d'origine roumaine, très vite témoin de l'émergence du nazisme, Ionesco va proposer en 1959 Rhinocéros, une pièce qui dénonce en filigrane le nazisme. Il ne s'agit pas pour lui d'un théâtre engagé (...)
[...] Les personnages ne communiquent pas vraiment. Conclusion : Nous soulignons d'abord la force de l'écriture scénique de Ionesco qui d'une part parvient à rendre visible l'invisible (langage, éléments, bande- son non verbaux) et qui d'autre part, parvient à mélanger les registres pour faire de cette scène, une farce tragique. Déjà se dessine l'opposition entre le rhinocéros et l'homme, la foule et Béranger. Les habitants vont rejoindre les rhinocéros, ce qui symbolise la victoire du totalitarisme et de la force brute sur la civilisation humaine. [...]
[...] (Les bruits du galop d'un animal puissant et 15 lourd sont tout proches, très accélérés ; on entend son halètement.) Mais qu'est-ce que c'est ? LA SERVEUSE. - Mais qu'est-ce que c'est ? (Bérenger toujours indolent sans avoir l'air d'entendre quoi que ce soit, répond tranquillement à Jean au sujet de l'invitation , il remue les lèvres ; on n'entend pas ce qu'il dit ; Jean se lève d'un bond, fait tomber sa chaise en se levant, regarde du côté de la coulisse gauche, en montrant du doigt, tandis que Bérenger, toujours un peu 20 vaseux, reste assis.) JEAN. - Oh, un rhinocéros ! [...]
[...] Cependant, les lecteurs et spectateurs ne connaissent pas encore l'origine des bruits. On remarque aussi la présence de nombreux crescendo comme à la réplique 6 bruit très fort et 7 énorme les bruits du galop d'un animal puissant et lourd sont tout proches S'ensuit un décrescendo, à la réplique 9 les bruits produits par l'animal s'éloigneront à la même vitesse et à la réplique 30 les bruits produits par le rhinocéros, son barrissement se sont bien éloignés A partir de la réplique il y a une prise de conscience progressive des bruits avec une augmentation du volume de la voix pour se faire entendre et une interruption du dialogue par des points de suspension ; et enfin à la réplique 8 où Béranger est inaudible. [...]
[...] - Nous avons fêté l'anniversaire d'Auguste, notre ami Auguste . JEAN. - Notre ami Auguste ? On ne m'a pas invité, moi, pour l'anniversaire de notre ami Auguste . (À ce moment, on entend le bruit très éloigné, mais se rapprochant très vite, d'un 5 souffle de fauve et de sa course précipitée, ainsi qu'un long barrissement.) BÉRENGER. - Je n'ai pas pu refuser. Cela n'aurait pas été gentil . JEAN. - Y suis-je allé, moi ? BÉRENGER. - C'est peut-être justement parce que vous n'y avez pas été invité ! [...]
[...] (Les bruits produits par l'animal s'éloigneront à la même vitesse si bien que l'on peut déjà distinguer les paroles qui suivent; toute cette scène doit être jouée très vite, répétant.-) Oh ! un rhinocéros! LA SERVEUSE. - Oh ! un rhinocéros ! 25 L'ÉPICIÈRE, qui montre sa tête par la porte de son épicerie. - Oh ! un rhinocéros ! (À son mari, resté dans la boutique.) Viens vite voir, un rhinocéros ! (Tous suivent du regard, à gauche, la course du fauve.) JEAN. - Il fonce droit devant lui, frôle les étalages ! L'EPICIER, (dans sa boutique). [...]
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