Scarron est un poète irrévérencieux et libertin dont le salon mondain est le plus prisé du XVII° siècle à Paris. Ses oeuvres majeures sont Le Virgile travesti (1648) et le Roman comique (1651-1655) dont nous allons étudier l'incipit. Le roman s'ouvre sur l'arrivée d'une troupe de comédiens dans la ville du Mans. Nous pouvons nous demander comment l'auteur fait de la présentation de ses personnages une mise en scène burlesque. Tout d'abord, nous verrons que ce début de roman nous plonge de façon trompeuse dans un univers épique puis que sa théâtralité le rend atypique.
[...] Le style semble rappeler celui de Homère, qui, dans ses épopées l'Iliade et l'Odyssée, emploie ce genre de métaphore pour décrire de façon épique la course du temps. Les chevaux respirent un « air marin » (l.5) donc ont quitté le Mans pour aller vers l'ouest au bord de l'Océan Atlantique, ce qui prouve que la journée est bien avancée. Le registre épique du texte est repris plus loin par l'analogie du protagoniste à un « héros de l'Antiquité » (l. 25) qui porte « des brodequins à l'antique » (l. 26). Cependant, le terme de « courbettes» (l .5), la personnification des chevaux qui « s'amusaient » (l.4-5) et l'état des brodequins « que les boues avaient gâtés » (l.26) montrent que l'auteur parodie le style homérique. Ainsi, la septième ligne nous replonge-t-elle dans une temporalité humaine prosaïque « il était entre cinq et six » annoncée par le double comparatif « plus humainement, plus intelligiblement » (l. 7). (...)
[...] Conclusion : Scarron rend la présentation de ses personnages burlesque en les inscrivant dans un univers faussement épique qui révèle leur piètre arrivée au Mans, rendue comique tant par leur tenue que par leur attelage. Il s'amuse à mélanger les genres par une présentation toute en théâtralité et par la mise en place d'une complicité inattendue avec le lecteur, devenu spectateur d'une farce. Personnages et acteurs se confondent dans une mise en scène dynamique et amusante qui laisse présager une parodie du roman épique. Rappelons que Le Virgile Travesti (1648-1652) de Scarron est la réécriture burlesque de la grande épopée L'Eneide écrite au premier siècle avant Jésus-Christ par J-C Virgile. [...]
[...] Le registre épique du texte est repris plus loin par l'analogie du protagoniste à un héros de l'Antiquité (l. 25) qui porte des brodequins à l'antique (l. 26). Cependant, le terme de courbettes» la personnification des chevaux qui s'amusaient (l.4-5) et l'état des brodequins que les boues avaient gâtés (l.26) montrent que l'auteur parodie le style homérique. Ainsi, la septième ligne nous replonge-t-elle dans une temporalité humaine prosaïque il était entre cinq et six annoncée par le double comparatif plus humainement, plus intelligiblement (l. 7). [...]
[...] Le jeune homme est le seul personnage des trois à être décrit précisément de la ligne 13 à 27. Son portrait très construit est le plus développé car nous pouvons l'imaginer du visage jusqu'aux pieds grâce au champ lexical de l'anatomie visage (l.14), œil joue épaule (l.15), pieds (l.16), tête (l.20) cheville du pied (l.26). L'emplâtre sur son visage accentue le côté comique, il sert vraisemblablement à cacher des traces de coups ou de maquillage. Il ne souhaite pas être reconnu alors qu'il attire l'attention du lecteur et des passants. [...]
[...] La description vestimentaire évoque donc la pauvreté du personnage et de la troupe à laquelle il appartient mais rappelle également des costumes correspondant à un rôle théâtral. II La théâtralité de l'incipit Une entrée en scène théâtrale des personnages Dès le titre du chapitre une troupe de comédiens arrive dans la ville du Mans le lecteur sait qu'il va entrer dans l'univers théâtral. Les personnages une demoiselle (l. un jeune homme (l.13), un vieillard (l. sont désignés d'une façon la plus neutre possible par un narrateur externe afin de préserver leur l'anonymat et créer une situation d'attente. [...]
[...] Chacun des personnages semble plus déguisé que vêtu : le bonnet de nuit (l. 19) est surprenant en plein jour, la casaque (l. 22) est également un vêtement inadapté car porté par un homme alors qu'il s'agit d'une cape normalement employée par des femmes du peuple et la courroie (l. lanière de cuir servant à lier, a ici un double usage : elle sert de ceinture et de fourreau à épée (l. 23). Effectivement, aux lignes 24-25, l'auteur compare les chausses du jeune homme à celles des comédiens Les vêtements s'apparentent bien à un accoutrement, l'auteur oppose grâce à la répétition de la locution prépositionnelle au lieu de 25) ce qu'il aurait dû porter un chapeau et des souliers à ce qu'il porte un bonnet de nuit et des brodequins De plus, le vieillard porte une basse de viole (l. [...]
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