Jean Genet (1910-1986) est un écrivain, poète, et auteur dramatique français. Il écrit ses premiers poèmes et quelques ébauches de roman, sans cesse reprises, refondues, car perfectionniste, la beauté du mot l'obsède. Ses premiers romans, Le journal du voleur et Le miracle de la rose paraissent mais sont censurés, car jugés pornographiques. Dans la pièce de théâtre Les Bonnes (1947) dont nous étions le début, il détourne un fait divers, celui des sœurs Papin incestueuses qui ont assassiné leur maîtresse.
[...] (l.56.) Elle répète le verbe de parole dire pour marquer sa lassitude : je t'ai dit souvent de (l.9) je vous ai dit, Claire (l.40), elle répète aussi le nom crachat 40) pour souligner la grossièreté de Solange qui, malgré l'ordre strict mais cesse ! (l. cire des escarpins vernis (l. 39) en crachant (l.38). Solange opère donc une petite résistance sournoise. Dans son rôle de Madame, Claire mêle sa connaissance du rapport envieux de Solange vis-à-vis de sa patronne en précisant que les souliers vernis (l. [...]
[...] Elle suggère l'inverse, la lenteur de Solange l'exaspère. De plus, le cadre dans lequel s'inscrit la scène est intime et lié à la sensualité, il s'agit de la chambre de Madame avec à droite, le lit (l. 1,2). Un mélange de haine et d'amour existe aussi entre les deux sœurs, les sentiments de Claire émergent. Son allusion au laitier (l.10) suggère qu'elle jalouse et dénigre sa sœur à laquelle elle nie le pouvoir de plaire Ce n'est pas avec ce corps et cette face que vous séduirez Mario (l.52/53). [...]
[...] Un parfum de sensualité plane sur la scène, en particulier dans les didascalies des lignes 21/22 qui, à travers quatre verbes d'action, reflètent trois des sens de Claire : l'odorat respire le toucher caresse brosse et la vue arrange son visage (l. 21). Il lui est associé le désir à travers le champ lexical de la beauté belle 52). Elle est en combinaison sous-vêtement féminin léger. Une relation incestueuse lie peut-être les deux sœurs. L'impératif fais ta biche (l. 17) n'est pas un ordre, mais un constat critique sous forme de litote. [...]
[...] Cependant, des indices, des signes distordent la réalité et font de ce passage un texte très moderne. II Scène d'exposition moderne Confusion dans l'identité des personnages : Le dérapage verbal avec le passage du tutoiement au vouvoiement brise l'illusion théâtrale. Claire est proche de Solange qu'elle tutoie : C'est avec ça sans doute que tu espères séduire le laitier (l. 10) alors qu'à la ligne 23, elle se met à la vouvoyer Préparez ma robe Nous comprenons que Claire a quitté sa tenue de domestique pour endosser le rôle de Madame. [...]
[...] Sa manière d'être est ambivalente, à la fois raffinée et vulgaire. À l'aide d'une métaphore filée, elle compare des crachats à l'aide de périphrases : les voiles de votre salive (l.44), les brumes de vos marécages (l.44/45), mais utilise aussi un registre trivial Que vous êtes grosse ! (l. 36/37), s'il vous a fait un gosse (l. 54). La hiérarchie entre les deux protagonistes : La relation entre les deux personnages est un rapport de domination. Claire/Madame dès sa première tirade donne des ordres, vraisemblablement à une domestique dont on peut supposer qu'il s'agit de Solange, car l'actrice qui joue Solange est vêtue d'une petite robe noire de domestique (l.3). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture