« L'Assommoir » est le septième volume de l' « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire ». Mais ce récit est singulier à plusieurs titres. Paru en 1877, c'est le premier roman, dans la littérature française, où les personnages principaux sont des ouvriers. Zola peint l'univers de cette classe sociale en fort développement, mais soumise aux ravages de l'alcool. C'est également la première oeuvre à utiliser le parler populaire et argotique. « L'Assommoir » est enfin le premier volet de la fresque des Rougon-Macquart qui obtient un grand succès, y compris de scandale. Il donnera à l'auteur aussi bien la sécurité financière qu'une réputation sulfureuse.
D'où vient cette réussite ? Tempérament artistique porté vers les grandes constructions romanesques, Zola est également un chef d'école. Son ambition est de donner à la littérature un statut « scientifique » : les comportements humains seraient déterminés par l'hérédité et le milieu. Mais comment concilier une approche documentaire avec une démarche créatrice ? L'écrivain peut-il se contenter de reproduire le réel ou bien le transfigure-t-il ?
[...] Dans les textes réalistes, le corps prend une place importante : c'est à travers sa présence que se construit le rapport de l'homme au monde. Ici, le corps apparaît d'abord dans son unité d'être vivant « homme » l.19, de plus inscrit dans une filiation : « leur mère » l.28, « les enfants » l.4, « les deux enfants » l.25, « son frère » l.28.
Le corps est également montré dans ses différentes parties, de haut en bas : la « tête » l.3 et ses composantes : « yeux » l.14, « joues » l.3, « bouche » l.29 ; le « bras » l.9-27, « les mains » l.9-26 ; les « pieds » l.30. Le lecteur pénètre même à l'intérieur : « les reins brisés » l.11, « côte à côte » l.25. Ce corps est montré dans diverses positions, à la fois statique (« assoupie » l.2, « assise » l.12, « couchés » l.25, « s'accouder » l.31), et en mouvement (« marchant » l.8). Les vêtements qui l'habillent sont fournis à profusion : « camisole, pantalon, chapeau, chemise, chaussettes, châle », établissant un rapport métonymique avec le métier de Gervaise.
Mais, plus que sur l'anatomie, l'écrivain naturaliste insiste sur la physiologie. L'organisme humain se signale par ses réactions (...)
[...] Mais le liquide destructeur, sous la forme de l'alcool produit par l'alambic, va triompher du personnage jusqu'à sa déchéance : elle va boire comme elle boite, suggérant l'idée de cycle infernal. 3ème idée directrice) La préfiguration d'un schéma narratif cyclique La circularité se laisse deviner de multiples manières dans cet extrait. Au niveau macroscopique, elle est inscrite dans la zone d'habitation de la classe ouvrière, les boulevards extérieurs l.7, c'est-à-dire la périphérie, le pourtour de la ville. Elle est également présente au niveau microscopique, celui des objets, par exemple avec le contour des globes de la porte l.10. [...]
[...] Commentaire composé Rappel : les titres et intertitres ne sont indiqués que dans un but pédagogique, ils ne doivent pas figurer dans un devoir. Introduction : L'Assommoir est le septième volume de l' Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire Mais ce récit est singulier à plusieurs titres. Paru en 1877, c'est le premier roman, dans la littérature française, où les personnages principaux sont des ouvriers. Zola peint l'univers de cette classe sociale en fort développement, mais soumise aux ravages de l'alcool. [...]
[...] Comme un triangle inscrit dans un cercle, le schéma ternaire se perçoit dans l'organisation du texte en trois paragraphes, aussi bien que dans des notations ponctuelles comme le mobilier trois chaises l.15), ou encore dans le cycle de sommeil de trois heures attendu jusqu'à deux heures du matin l.1, s'éveilla vers cinq heures l.11). De même, les trois hommes qui compteront dans la vie de Gervaise sont successivement annoncés. D'abord Lantier l.1-12-18, qui est à la fois présent et absent, insaisissable, mais vers qui elle reviendra dans la deuxième partie du roman. [...]
[...] Pour la rédaction de ses romans, Zola se rendait sur les lieux envisagés et consignait soigneusement dans ses carnets les résultats de son enquête. Le rythme du récit adopte une chronologie objective : deux heures du matin l.1, cinq heures l.11, depuis huit jours l.3, ce soir- là l.5. L'effet de réel provient également de la multiplicité des éléments concrets entourant les personnages. Gervaise porte un regard circulaire sur la chambre : lentement, elle faisait le tour de la chambre l.14. [...]
[...] Les deux héros sont cités dès la première ligne du roman : Gervaise et Lantier Au XIXème siècle, seuls les hommes, en raison de leur qualité de citoyen, sont désignés par leur patronyme. Les femmes ont un statut juridique inférieur : elles ne sont appelées que par leur prénom Gervaise l.1-11-18, Adèle l.8), au même titre que les enfants Claude l.26, Etienne l.27). De nombreux indices révèlent l'appartenance à un milieu ouvrier : le lieu d'habitation qui est à la périphérie boulevards extérieurs l.7), quartier loin du centre, signe d'exclusion ; le métier exercé, qui est manuel brunisseuse l.8) ou la situation de chômage cherchait du travail l.5) ; les loisirs dont le caractère populaire est accentué par la redondance sonore bal du Balcon l.6) ; la tenue vestimentaire camisole l.2, ses savates l.30) ; des attitudes et un comportement qui manquent de distinction jetée en travers du lit l.2, mangeaient l.4, les mains ballantes l.9, pieds nus, sans songer à remettre ses savates tombées l.30). [...]
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