Le poème « L'Échafaud », composé en alexandrins, est un poème argumentatif qui dénonce implicitement l'atrocité de la peine de mort.
I- Une présentation terrifiante de l'échafaud
Dans ce poème, Victor Hugo ne néglige aucun détail afin que tout concoure à présenter l'échafaud comme un monstre sanguinaire terrifiant.
a- Un cadre spatio-temporel inquiétant
Si tout d'abord Victor Hugo souligne l'éclat de la guillotine par le champ lexical de la lumière (Luisant, vers 2 ; acier, vers 3 ; clarté, vers 3), très rapidement le poème passe d'une atmosphère diurne à une atmosphère vespérale (Le couchant empourprait, vers 19) puis nocturne, permettant alors la description du lieu du supplice avec une noirceur propice à susciter l'effroi.
En effet, quoi de mieux que le noir, non-couleur anxiogène par excellence associée depuis la nuit des temps à l'expression des tendances les plus sombres de la nature humaine (minuit n'est-elle pas l'heure du crime ?). De plus, on relève la place de Grève dépeuplée (L'échafaud achevait, resté seul sur la Grève, vers 22) accompagnée de l'antithèse entre La foule (vers 16) et le pronom personnel singulier « je » du poète (J'étais là. Je pensais, vers 19), qui se retrouve donc seul dans un face-à-face nocturne avec l'échafaud. (...)
[...] Je pensais, vers qui se retrouve donc seul dans un face-à-face nocturne avec l'échafaud. La transmutation de l'échafaud D'abord succinctement esthétique, rendue dès le premier vers par un groupe ternaire de qualificatifs mélioratifs (Splendide, étincelant, superbe), la guillotine se métamorphose progressivement en bloc hideux (vers 29) et monstrueux, décrite alors abondamment par des adjectifs péjoratifs propres à susciter l'angoisse. Ainsi, on relève : - le terme hache répété trois fois (vers et 45) avec notamment une mise en valeur à la rime (vers 25 et 45) - bloc hideux (vers 29) - une forme épouvantable (vers 33) - un objet difforme (vers 37) et énorme (vers 38) - un terrible miroir d'effroi (vers 45). [...]
[...] Conclusion L'Échafaud est un poème argumentatif qui, à travers les errances d'un poète- spectateur, dénonce la barbarie de la peine capitale. Monstre hideux et difforme, la guillotine couvre la société d'un voile noir, rappelant que l'auteur s'est battu toute sa vie pour que la peine de mort soit abolie. Dans Le Dernier Jour d'un condamné, il peignait déjà les souffrances infligées à un être condamné Presqu'un siècle plus tard, en 1981 exactement, sa voix, entre autres, aura été entendue puisque la peine de mort est alors abolie en France. [...]
[...] Son rayon, comme un dard qui heurte et rebondit, Frappait le fer d'un choc lumineux ; on eût dit 45 Qu'on voyait rejaillir l'étoile de la hache Comme un charbon tombant qui d'un feu se détache ; Il se répercutait dans ce miroir d'effroi ; Sur la justice humaine et sur l'humaine loi De l'éternité calme auguste éclaboussure Est-ce au ciel que ce fer a fait une blessure ? Pensai-je. Sur qui donc frappe l'homme hagard ? Quel est donc ton mystère, ô glaive ? Et mon regard Errait, ne voyant plus rien qu'à travers un voile, De la goutte de sang à la goutte d'étoile. Victor Hugo, L'Échafaud La Légende des siècles. [...]
[...] ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Victor Hugo (1802-1885) est considéré comme le plus important des écrivains romantiques de la langue française, ayant contribué, tout comme Baudelaire, au renouvellement de la poésie et de la littérature. Sous le Second Empire, opposé à Napoléon III, il s'exile après le coup d'État du 2 décembre 1851 qu'il condamne vigoureusement pour des raisons morales. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie décidée quelques temps après, disant Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là La Légende des siècles est un recueil de poèmes conçu comme une vaste œuvre destinée à aborder l'histoire et l'évolution de l'Humanité. [...]
[...] En effet, au vers 16, la foule a la parole par le biais du discours direct et acclame le supplice (bien alors que cette satisfaction n'est pas ressentie par le poète qui utilise aussitôt le terme péjoratif insensé (vers 16) pour montrer qu'il réprouve l'homme qui se délecte du spectacle de la peine capitale. Un témoin critique La présence physique du poète (J'étais là. Je pensais, vers 19 ; Et j'étais toujours là, je regardais, vers 25) le montre comme un spectateur attentif de la scène. [...]
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