Lorsque l'adolescence et l'éducation de Gargantua sont achevées, ce dernier vint à Paris où dés son arrivée, il prend les cloches de la ville et les accroche au cou de sa jument. Cette disparition est alors un grand inconvénient pour le peuple qui se réunit en Sorbonne et conclut que leur plus compétent et plus âgé des théologiens de leur faculté irait convaincre le géant de les restituer à la ville. Ce chapitre présente le discours que le théologien Janotus de Braquemardo fait à Gargantua pour le convaincre. Le discours est inutile puisque le géant a déjà rendu les cloches et n'écoute le théologien que pour en rire. Nous pouvons donc nous demander en quoi ce chapitre propose une critique, sous l'égide de la plaisanterie, des théologiens sorbonnards. Nous montrerons que cette harangue mal construite conduit à caricaturer par la satire l'ensemble des théologiens pour faire la critique des sorbonnards.
[...] Les règles traditionnelles dévolues à l'orateur sont au nombre de cinq : l'élocution, la disposition, l'invention, l'action et la mémoire. Pour ce qui est de l'élocution, les nombreux raclements de gorges et les nombreuses onomatopées et répétitions montrent qu'elle est mauvaise et pas du tout adaptée à la situation. La disposition n'est pas non plus respectée puisque nous avons la présence de la thèse et d'un argument dans la même phrase déclaré sans préambule. Nous avons également un syllogisme qui aurait dû se terminer par une conclusion et non par une onomatopée comme c'est le cas. Le théologien passe également d'un sujet à un autre sans liens logiques alors que son discours a été préparé. (...)
[...] Les jurons sont également très fréquents dans le discours avec les termes par le cor Dieu de parte Dei per diem et montre Janotus comme une personne vulgaire qui n'a rien à faire dans une faculté de théologie. Sa familiarité mna dies, monsieur, mna dies et son impolitesse marquée par le passage de la formule de politesse à la thèse faite sans préambule démontrent une incapacité de l'homme à communiquer avec son entourage, fait d'autant plus marqué qu'il est le seul à parler dans tout le chapitre malgré la présence de cinq autres personnes. [...]
[...] Dans son discours, Janotus, dans le rôle de l'orateur, ponctue son discours d'onomatopées, d'éclaircissements de la voix et de raclements de gorge qui le ridiculisent par leur exagération et leur multiplicité. Nous avons ergo gluc nac petetin petetac, ticque, torche, lorgne ehen, hen, hen ! hen, hen, hasch ! hen, hen, ehen, hasch ! hen, hasch, ehasch, grrenhenhasch ! [...]
[...] Ho par Dieu, domine, une pair de chausses est bon, et un homme sage ne les repoussera pas cela dénote un sens moral qui ne va pas avec les valeurs que prône la religion. Déjà trahi par sa plaidoirie préparé dans l'espoir d'une récompense, l'homme, en plus d'être avide, ne pense qu'à son propre confort, notamment avec l'expression Et ne fault plus dorénavant que bon vin, bon lict, le doux au feu, le ventre à table et escuelle bien profonde qui montre qu'il est paresseux en plus d'être gourmand. [...]
[...] Nous montrerons que cette harangue mal construite conduit à caricaturer par la satire l'ensemble des théologiens pour faire la critique des sorbonnards. Le présent (notamment de vérité générale), temps par excellence du discours, ici le discours judiciaire qui permet à l'auteur de juger et de nous faire connaître son jugement, est utilisé tout au long de ce chapitre comme le prouvent les verbes font perdons rendez suis voulez donne baillez Nous avons une importante présence des liens et des connecteurs logiques : Car or sus ego sic et et mais Ces connecteurs démontrent une construction (qui est ici bâclée) de l'harangue qui sert à développer la thèse en donnant des arguments divers mais ces connecteurs ne sont pas bien utilisés par Janotus. [...]
[...] La démesure dans la parole du théologien est une allusion aux véritables paroles des docteurs de la Sorbonne et vise à retenir l'attention des lecteurs et à les prévenir du danger que représente la parole dans ce discours qui se voit être une parodie, une farce. Les critiques sont donc justes et apportent aux lecteurs, par le comique, l'importance des dangers que peuvent représenter les paroles des théologiens de Sorbonne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture