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Meursault a vécu une sorte de crise furieuse : les gardiens ont dû lui arracher l'aumônier des mains. En ce début d'extrait, c'est donc la fin de la crise. L'expression : "j'ai retrouvé le calme" (I. 1) marque ce retour à la normale qui se manifeste aussi par un sentiment d'épuisement : "J'étais épuisé" (I. 1), "je me suis jeté sur ma couchette" (I. 1-2), "j'ai dormi" (I. 2), suggèrent une espèce de relâchement général après la fureur et la violence dont il a fait preuve. D'ailleurs, avec la formule : "Je crois que j'ai dormi" (I. 2), on a l'impression d'une perte momentanée de la mémoire, d'un moment de totale inconscience qui permet à Meursault de se vider de tout ce qui bouillonnait en lui.
C'est donc un homme neuf, libéré de ses passions, qui émerge de ce sommeil purificateur pour, significativement, se retrouver d'emblée dans un contact privilégié avec la nature : "je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage" (I. 3-4).
La relation s'établit entre Meursault et les étoiles sans qu'aucun obstacle ne vienne s'interposer. Le contact est direct, la proximité totale ; murs et barreaux sont ici escamotés pour mettre Meursault directement en contact avec la nature.
Une véritable symbiose se réalise. On a l'impression que la nature opère tout un mouvement vers Meursault au point de pénétrer au plus profond de son être : "montaient jusqu'à moi" (I. 4-5), "rafraîchissaient mes tempes" (I. 5-6), "entrait en moi" (I. 7). C'est d'ailleurs la nature tout entière qui noue ce contact intime avec lui puisqu'il est question de "la campagne", de "la terre", du "sel", et de "la marée" (I. 4-7). De plus, cette nature vient jusqu'à lui à travers plusieurs canaux sensoriels puisque l'osmose s'opère par la vue ("des étoiles sur le visage", I. 3-4), par l'ouïe ("Des bruits de campagne montaient jusqu'à moi", I. 4-5) et aussi par l'odorat et le toucher réunis par le jeu d'une métaphore ("Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes", I. 5-6).
En fait, la nature apporte à Meursault un calme et un apaisement qui coïncident magiquement avec son propre calme retrouvé : à son sommeil ("Je crois que j'ai dormi", I. 2), répond en écho celui de la nature, à travers ce qui lui apparaît comme "la merveilleuse paix de cet été endormi" (I. 6-7) (...)
[...] Du fait de cet abandon de tout espoir fallacieux, la symbiose avec la nature, annoncée dans le début de l'extrait, se fait plus totale encore : m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde». Le verbe «s'ouvrir» exprime l'idée d'une fusion complète de Meursault et du monde : Meursault communie totalement avec ce dernier dans la mesure où l'univers possède cette «indifférence» à laquelle il est lui-même parvenu. La nature se contente comme lui d'exister dans l'équivalence de toute chose et sans que s'établisse une quelconque hiérarchie de valeurs. [...]
[...] D'ailleurs, avec la formule : crois que j'ai dormi» (I. on a l'impression d'une perte momentanée de la mémoire, d'un moment de totale inconscience qui permet à Meursault de se vider de tout ce qui bouillonnait en lui. C'est donc un homme neuf, libéré de ses passions, qui émerge de ce sommeil purificateur pour, significativement, se retrouver d'emblée dans un contact privilégié avec la nature : me suis réveillé avec des étoiles sur le visage» (I. 3-4). La relation s'établit entre Meursault et les étoiles sans qu'aucun obstacle ne vienne s'interposer. [...]
[...] En fait, dans l'esprit de Meursault, il est clair que sa mère, à la veille de sa mort, est parvenue, comme lui, à une vérité essentielle : c'est la vie terrestre en tant que telle qui est la seule vraie valeur. Ce qui compte, c'est donc de la vivre jour après jour en ayant conscience de cette vérité libératrice. Loin d'être écrasé par la conscience de la mort qui l'attend, l'être humain peut dès lors vivre ou re-vivre en affirmant jusqu'au bout le caractère certes dérisoire, mais aussi infiniment précieux de sa propre vie. [...]
[...] Une véritable symbiose se réalise. On a l'impression que la nature opère tout un mouvement vers Meursault au point de pénétrer au plus profond de son être : «montaient jusqu'à moi» (I. «rafraîchissaient mes tempes» (I. «entrait en moi» (I. 7). C'est d'ailleurs la nature tout entière qui noue ce contact intime avec lui puisqu'il est question de campagne», de terre», du et de marée» (I. 4-7). De plus, cette nature vient jusqu'à lui à travers plusieurs canaux sensoriels puisque l'osmose s'opère par la vue étoiles sur le visage», I. [...]
[...] Revendiquant son caractère d'étranger, Meursault récuse, nous semble-t-il, toute pitié. II pousse plus loin encore la logique qu'il a prêtée au destin de sa mère : il refusait que quiconque pleure sur elle; il souhaite maintenant être haï. Ainsi, dans une sorte de défi, assume-t-il totalement un destin qu'il a vécu d'abord sans le vouloir; à travers sa prise de conscience finale, il se le réapproprie dans un plein accord avec lui-même et avec le monde. CONCLUSION Dans cette dernière page du roman, Meursault fait le bilan de sa vie. [...]
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