Le corpus proposé est composé de quatre textes de genres et d'époques différentes. Le premier est extrait de L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, publiée entre 1751 et 1772. Le deuxième texte est issu du célèbre Discours à l'Assemblée de Victor Hugo, prononcé le 30 juin 1850. Le troisième est un passage du roman d'Eric Emmanuel Schmitt Ulysse from Bagdad paru en 2008. Enfin, le dernier texte est un court extrait de L'Homme révolté d'Albert Camus, édité en 1951. Ces quatre textes traitent d'une même thématique : la misère. Ils en prennent la défense et cherchent à développer des arguments qui feraient réagir le lecteur. Nous chercherons à voir ce qui les rapproche autant du point de vue formel que substantiel. Nous verrons dans un premier temps les formes de l'argumentation choisies par les auteurs puis, dans un second temps, nous montrerons que certains textes cherchent à nous persuader quand d'autres tentent de nous convaincre.
[...] Les quatre textes cherchent à nous faire adhérer à leur thèse mais de différentes manières. Hugo et Schmitt cherchent à nous persuader quand Camus et Diderot et d'Alembert veulent nous convaincre. En effet, Hugo utilise un registre pathétique : l'énumération des maladies ligne 12 s'oppose à la répétition du mot « travail » ce qui montre que le seul salaire possible pour les pauvres est horrible voire mortel. Cela engendre de la pitié chez l'auditeur qui se sent coupable de cette injustice. [...]
[...] Le rôle d'infirmière de Pauline est capital : elle est celle qui soigne les blessures de la société. Pour ce faire, elle emploie autant la parole que les actes. Son discours polémique perce l'abcès du silence et fait émerger une controverse terrible sur la misère. Mais si ses mots sont violents, l'enseignement qui se cache derrière est précieux : il rappelle à tous l'importance des conditions démocratiques. Contre la barbarie et l'injustice s'élève la voix de la femme révoltée, profondément liée à la philosophie de Camus. [...]
[...] Le plaidoyer se transforme progressivement en réquisitoire à l'attention des hommes injustes et incapables. Presque cent cinquante ans plus tard, Eric Emmanuel Schmitt réactualise la colère de Hugo en évoquant avec virulence la condition misérable des hommes pauvres dans son roman Ulysse from Bagdad publié en 2008. L'extrait étudié du roman met en scène Pauline, une jeune femme infirmière qui aide le héros dans sa quête de liberté. Lors d'une conversation, elle évoque à travers une longue tirade l'horreur de la misère sociale, classe à laquelle elle ajoute une nouvelle catégorie : celle des hommes pauvres et émigrés. [...]
[...] Comment s'arrangent ceux qui sont restés ? Ne sont-ils pas venus pour nous voler ? ». Une telle énumération rappelle différents discours politiques et même quotidiens : Pauline met en avant la peur de l'autre parce qu'inconnu et isolé. Le pouvoir d'aider entraînerait un questionnement permanent, la charité n'ayant plus droit de cité. De même, l'infirmière évoque les injonctions paradoxales que délivre la société : « Qu'ils vivent, mais avec la discrétion d'un mort ». L'opposition entre vie et mort n'est pas logique mais existe et est réclamée par un collectif indéfini. [...]
[...] Il semble d'ailleurs plus s'adresser à lui qu'à un lecteur socialement plus élevé. Paradoxalement, la mise à distance de l'homme par l'emploi de tournures impersonnelles font en sorte que tout homme se reconnait à l'intérieur et cherche à réagir. Le point de vue de Camus est ainsi différent en ce que l'homme esclave dont il parle n'est pas nécessairement celui qui appartient à une classe sociale économiquement pauvre mais tout homme se sentant esclave de sa propre vie. Dans les trois premiers textes, il s'agit de brosser le portrait d'une misère sociale : c'est de l'homme des « masures » de Hugo par exemple. [...]
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