Roman d'anticipation où se côtoient un imaginaire libéré et un humour féroce, cette dystopie féminine mêle des thèmes divers comme la politique…
[...] » et c'est précisément lui qui sera cause de son chagrin inconsolable, voire de sa mort. C'est la Sibylle, prophétesse, jugée comme une sorcière contemporaine, qui prédit cette mort page 89 : « Déméter, elle mourra pour rien, dès ce moment j'ai dû l'accepter. » En effet la Sibylle, prophétesse antique bien connue de la ville de Cumes en Italie, s'est retrouvée présidente de la VII° République. C'est elle qui prend la parole dans cette narration et qui raconte les événements : elle ancre le récit dans une réalité futuriste (mais antéposée à l'année de parution du roman, l'année 2016), en utilisant la première personne du singulier. [...]
[...] J'ai tout vu, tout. » (page toutes ces répétitions tendent à insister sur le caractère oral du procès et le témoignage de la Sibylle. Car il s'agit de Déméter dans ses propos et du lien qu'elle entretient avec la nature. Déesse mère dans la Grèce antique, elle est avant tout la déesse du blé et de la moisson, nommée ainsi par la Sibylle page 87 « La déesse des récoltes et de l'agriculture » ; mais après le rapt par Hadès de sa fille Perséphone, la terre devient stérile et la famine menace les humains. [...]
[...] C'est bien ici du rôle de la femme qu'il est question, et de la place qu'elle occupe en face de l'homme. Seule Artémis semble se préserver de cette famille toxique qu'elle perçoit comme « uniquement constituée de psychotiques consanguins » (page 84). Les dieux apparaissent alors avec des traits de caractère qui collent au plus près des caractéristiques de l'humain. Le roman replace ces dieux de l'Antiquité dans deux lieux distincts, les Champs Elysées au royaume d'Hadès, pour les hommes, et l'Olympe, pour les femmes, posant ainsi la rupture consommée entre les sexes et des problèmes de famille traités à l'instar de notre monde contemporain. [...]
[...] S'en suit alors un parallèle qui file le long du récit, mêlant les problèmes écologiques à la lente mort de Déméter causée par son chagrin. L'évocation de sa mort prochaine page 87 passe par l'évocation des sens : le sens de l'ouïe d'abord avec les mots « Le son », « la mitraille », «le crépitement », « les explosions » ; ensuite le sens de l'odorat avec les termes « L'odeur » et la description qui s'en suit « quelque chose de lourd et de très chaud », « une note de tête piquante et métallique » (page 87). [...]
[...] L'évocation de notre système judiciaire n'est pas sans rappeler implicitement son origine qui vient de l'Antiquité grecque. D'ailleurs Zeus lui-même semble en être à l'origine puisqu'il se fait juge : « Après délibéré, Zeus, garant de la justice, a opté pour le système de la garde alternée. » (page concernant la garde de Perséphone (dont on rappelle que le père est Zeus) disputée entre sa mère Déméter et son ravisseur Hadès. Ces termes de « garde alternée » sont ici très ironiques quand on sait que Perséphone a été enlevée par son oncle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture