Le poème « Soleils couchants », qui appartient au dernier mouvement du recueil Les Feuilles d'automne, met en scène le poète décrivant un paysage à la fin de la journée, incluant des strophes sur les nuages et le ciel. Il est composé de six poèmes aux caractéristiques métriques diverses. Le deuxième poème, composé de cinq sizains d'alexandrins rimés par tercets, semble s'ancrer plus précisément au moment du passage du jour à la nuit. Ce thème et cette temporalité très précise est également traitée par Victor Hugo dans le recueil précédent Les Orientales, notamment dans « Rêverie » : le coucher du soleil s'y fait le témoin du déclin de l'inspiration orientale, et l'effort pour prolonger cette heure charnière est égal à celui qui retient les dernières bribes possibles de l'inspiration. Bien que l'image de la ville sur l'horizon soit présente dans les deux œuvres, dans « Soleils couchants » les enjeux et le traitement de l'image sont autres : l'imagination du poète ne s'exerce pas sur une absente, mais sur une ville réelle, et l'articulation entre description et vision ne se situe donc pas au même endroit. Comment la vision du couchant et la description de la ville entraînent-elles un désir visionnaire féerique et violent qui s'ancre dans le contexte quotidien et historique du poète ?
[...] Commentaire composé de Soleils couchants in Les Feuilles d'automne, Victor Hugo Le poème Soleils couchants qui appartient au dernier mouvement du recueil Les Feuilles d'automne, met en scène le poète décrivant un paysage à la fin de la journée, incluant des strophes sur les nuages et le ciel. Il est composé de six poèmes aux caractéristiques métriques diverses. Le deuxième poème, composé de cinq sizains d'alexandrins rimés par tercets, semble s'ancrer plus précisément au moment du passage du jour à la nuit. [...]
[...] Ce caractère pictural, poursuivi dans la description de la ville, crée un lien au-delà de la rupture thématique entre la première et la deuxième strophe. Les prédicats associés à la ville sont allumant et découpe vers 7 et 12, et les adjectifs possessifs qui introduisent tous les éléments décrits ont la ville pour référent. Ces éléments sont uniquement visuels, et observables de loin car ils sont, soit lumineux, comme les vitres étoilées du vers soit élevés comme cathédrale vers tours vers clochers et bastille vers 10. [...]
[...] Or, l'endormissement appelle l'éveil, tout comme la nuit appelle le jour ; ainsi, la victoire relative du poète fait relativiser celle de son alliée, la nuit, et rappelle l'instabilité et le recommencement perpétuel de la bataille entre le jour et la nuit, mais également le renouvellement incessant de la bataille du poète pour la création, faisant ainsi écho au poème Dicté en présence du glacier du Rhône : on retrouve le thème du cycle, et celui de la montée vers des hauteurs inaccessibles par les voies humaines, ici celle des toits du monde depuis lesquels il vainc la rumeur de la cité. La puissance de cette ville ne tient en outre pas seulement à sa verticalité, mais à son pouvoir politique et militaire : son palais en est la résidence politique, les chars la force armée, la bastille une place forte pour la défense. [...]
[...] Or, il semble que ce schéma de lutte se rejoue après la tombée de la nuit au cœur de la cité décrite. Les lumières de la ville qui apparaissent au vers 7 par s'allumant en vitres étoilées sont en effet un sursaut de la clarté qui répond à celle, disparue, du jour ; l'isotopie de la lumière s'étend aux étoiles métaphoriques vers 20, et aux clartés vers 24, également rappelée vers 22 par association de la fumée au feu. Les armes du jour étaient faibles pour contrer la progression de la nuit, mais la ville a pour armes ses constructions verticales dont la présence est renforcée et la puissance doublée par les adjectifs et répétitions : au vers 10 les clochers sont hauts tours présent deux fois au vers sont accentués fortement par l'existence de cette anaphore. [...]
[...] Il y est qualifié de dieu d'airain vers 30, puis, vers 82, est décrit pass[ant] sur le pavois donc en hauteur. La position double du poète est donc le vecteur à la fois de l'imaginaire révolutionnaire et de l'imaginaire napoléonien. Le paradoxe mis en scène fait alors écho au cycle du jour et de la nuit et à celui du sommeil, en suggérant l'instabilité de l'état politique et les batailles renouvelées pour le pouvoir. Reprenant le thème du coucher de soleil déjà exploré dans Les Orientales, Soleils couchants l'investit d'un jour nouveau en mettant en scène des luttes diverses : celles de la durée et de l'éphémère, du jour et de la nuit, du poète contre la ville, et possiblement d'un mouvement politique contre un autre. [...]
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