Alfred de Musset, Lorenzaccio, acte II scène 4, Florence, Lorenzo, Bindo, Venturi
Ce texte est un extrait du drame romantique Lorenzaccio d'Alfred de Musset. Le romantisme a été fondé en France par Victor Hugo, qui s'inspire lui-même des Allemands.
Les romantiques s'intéressent aux thèmes historiques, à des moments particuliers de l'Histoire, comme la révolution de Juillet 1830. Lorenzaccio se déroule en 1537 à Florence : Musset nous livre une relecture du passé afin de faire réfléchir ses contemporains sur leur propre société. Il s'intéresse également à la personnalité complexe du héros Lorenzo. Cette scène débute in medias res par le dialogue entre Lorenzo, sa mère Marie et sa sœur Catherine, puis se poursuit avec l'intervention des Républicains Bindo et Venturi, et s'achève sur les paroles du duc qui a des vues sur Catherine.
[...] Je suis nommé. / VENTURI, de même. [...]
[...] Tout d'abord, Lorenzo apparaît à la fois comme un acteur et un metteur en scène. Lorenzo joue le rôle qu'il tient tout au long de la pièce vis-à-vis du duc. Il montre qu'il est au service du duc sur plusieurs plans. En effet, son action est motivée par la seule volonté du duc (on le voit dans la phrase Je le lui demanderai, si vous voulez au futur qui montre son intention, et aussi à la structure hypothétique), il est son homme de plaisir (le nom mignon indique son intimité et peut-être un lien homosexuel), son bouffon qui cherche à le distraire J'aurai ce soir quelque bonne histoire à vous conter, quelque bonne fredaine Il cherche également à flatter le duc et ne le contredit jamais ; celui-ci qualifie Strozzi de vieux fou et dans la réplique qui suit, Lorenzo reprend et développe cette expression : il emploie deux fois le mot vieux et les expressions il ne peut se guérir et singulière lubie ; il semble même associer la générosité de Strozzi à l'immoralité misérable infâme viles créatures Le fait qu'il aille manger le dîner de Strozzi indique que c'est un profiteur et l'expression vieux gibier de potence renvoie au fait que Strozzi est promis à la pendaison car le duc a un pouvoir incontestable et que personne ne peut rien faire contre. [...]
[...] Elle s'est laissé prendre toute vive comme une alouette au piège Ainsi, il exprime son mépris pour les Hommes qu'il trouve hypocrites et fondamentalement mauvais et malhonnêtes, et qui sont esclaves de leurs désirs. Le récit du rêve de Marie est très suggestif. La mère voit le spectre de Lorenzaccio du temps où il était jeune et studieux un homme vêtu de noir venait à moi, un livre sous le bras c'était toi, Renzo et ce spectre disparaît lorsque le vrai Lorenzo arrive Mon spectre à moi ! Et il s'en est allé quand je suis rentré ? [...]
[...] Enfin, Lorenzo fait la critique des Républicains. Il se moque des discours emphatiques des Républicains, pour qui c'est tout un art de parler beaucoup pour ne rien dire Pas un mot ? Pas un petit mot bien sonore ? Vous ne connaissez pas la véritable éloquence Selon lui, les Républicains cherchent avant tout à faire de l'effet plutôt qu'à faire passer leurs idées : on remarque d'ailleurs que Lorenzo ne parle absolument pas du contenu des discours mais seulement de la façon dont ils sont prononcés. [...]
[...] Lorenzo dénonce également l'atonie des Républicains et leur manque de courage. En effet, il humilie la dignité de Bindo et Venturi en faisant croire au duc qu'ils cherchent ses faveurs. Les deux hommes n'osent pas contredire le duc et se plaignent ensuite comme si ce qui venait de leur arriver ne dépendait absolument pas d'eux : BINDO, sortant, bas à Venturi. C'est un tour infâme. / VENTURI, de même. Qu'est-ce que vous ferez ? / BINDO, de même. Que diable veux-tu que je fasse ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture