Il s'agit d'un commentaire composé sur la lettre 33 du roman Les Liaisons Dangereuses écrit par Pierre Choderlos de Laclos. Ce commentaire comporte une introduction bien détaillée, un plan en 2 parties et une conclusion. J'ai également détaillé les étapes de ce commentaire.
[...] C'est à cet effet que la marquise convoque l'œuvre rousseauiste de la Nouvelle Héloïse. Les Liaisons dangereuses sont écrites par Laclos dans un contexte de remise en question du rationalisme philosophique, ou du moins de ses dévoiements possibles. L'impact conceptuel des ouvrages de Rousseau amènera ainsi les penseurs et les lecteurs à valoriser de plus en plus le sentiment « spontané » au détriment de la Raison. Et on note en ce sens un abondant lexique de la « raison » dans l'extrait : « réflexion » « raison » « raisonner », « vérité », « principes ». [...]
[...] Le lecteur est ensuite invité à pénétrer un monde sans transcendance divine qui soit un obstacle à la construction d'un esprit libre et singulier, uniquement habité par des matérialités concrètes et des entités ambivalentes. C'est en ce sens que le projet des libertins prend forme dans cette œuvre. Pour cela, la forme épistolaire est utilisée à dessein. D'une part la polyphonie que permet la mise en scène d'une correspondance entre plusieurs personnages permet tant de faire varier les points de vue que de faire avancer l'intrigue en mettant au premier plan les personnages et leur psychologie. [...]
[...] Elle va donc instrumentaliser cette démarche, au même titre que les préceptes de la philosophie rationaliste, pour accroître au maximum son potentiel de séduction et de manipulation . On en tient pour exemple un certain nombre d'épanorthoses à doubles emplois, comme par exemple : « mais on ne les arrange pas de la même [les mots], ou plutôt on les arrange, et cela suffit ». Ce qui vient asseoir pleinement la leçon de libertinage et la leçon d'écriture épistolaire. Valmont est donc à « l'école », ce qui met instantanément, au début de l'extrait, le personnage dans une position inférieure. [...]
[...] Cette rivalité ne cessera de croître tout au long de l'œuvre, mais dans cette lettre, la marquise entreprend déjà de montrer sa supériorité rhétorique et théorique (elle en fera d'ailleurs la démonstration plus tard dans la lettre 81). En ce sens, le dispositif didactique instruit par la marquise a une double vocation : donner tant une leçon de style qu'une leçon de libertinage. Une entreprise méta-épistolaire Dans cette lettre, mais a fortiori dans toute l'œuvre quand il s'agit de la correspondance des deux personnages qui nous occupent, le rapport épistolaire est envisagé selon des rapports de force. Tout repose sur une tension, un antagonisme entre des mécanismes de défense et d'attaque. [...]
[...] Cet extrait comporte donc un aspect profondément métalittéraire. Chaque personnage a sa parlure, et Merteuil commente ainsi le style de Valmont. Elle raille effectivement Valmont pour son incapacité́ à reproduire « cet air de trouble et de désordre, qui est la véritable éloquence de l'amour » et précise à propos de la lettre 24 : « Relisez votre lettre [à la Présidente] ; il y règne un ordre qui vous décèle à chaque phrase ». Elle reproche à Valmont sa froideur de style, ses phrases trop construites et qui laissent transparaître (pour qui sait lire entre les lignes) la froideur rationnelle de celui qui les a écrites. [...]
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