Thomas Hardy : Jude l'obscur (Première partie, chapitre VI) : p. 49 : « En réfléchissant ainsi profondément »… p. 52 : « qu'il avait subi son magnétisme ».
Commentaire composé :
- Introduction : problématique : annonce du plan
- Développement : Grand I - II - III
- Conclusion
[...] C'est alors la confrontation entre deux mondes. Mais cette scène donne lieu également à une rencontre forte et fulgurante entre deux personnages. Il n'est en effet pas anodin que c'est pas « un morceau de chair » que Jude est tiré de sa rêverie. Cela place la scène toute entière sous le signe de la sensualité, la même sensualité à laquelle appelle les formes généreuses d'Arabella. Arabella semble être sous le charme du jeune homme et tout va se jouer autour de ce morceau de porc bien ingrat. [...]
[...] Tout au long du roman, il devra faire face à de nombreuses épreuves qui se dresseront devant lui. L'extrait à étudier se situe plutôt au début du roman. Alors que Jude se promène en songeant à son avenir, il reçoit un morceau de porc sur le visage que lui a lancé une des jeunes filles qui travaillent à côté de lui. Nous tenterons devoir dans notre analyse la façon dont deux univers s'opposent à partir d'une banale anecdote, ensuite la rencontre amoureuse atypique qui en découle pour ensuite analyser ce qui se joue derrière cette rencontre amoureuse apparemment fortuite. [...]
[...] Jude, quant à lui, semble tout entier attiré par elle malgré lui : « obéissance à des ordres supérieurs que reçoivent inconsciemment de malheureux hommes, alors qu'il ne leur viendrait jamais à l'idée de s'occuper de femmes », « le muet appel de la femme maintenait Jude contre son intention ». Arabella est ainsi vue comme une femme qui suscite en lui un désir presque animal. Darwinn à cette époque et Schopenhaeur en tant que philosophe vont expliquer la façon dont l'être humain est guidé par le désir. Plus tard dans le roman, Jude ressentira une attirance différente envers Sue. [...]
[...] De plus, il apparaît qu'Arabella est une séductrice qui a plutôt envie de profiter de la naïveté du jeune homme rattrapé dans ses instincts primaires, dans ses désirs, tout désireux qu'il est de s'élever vers les sommets intellectuels. « Qui fait l'ange fait la bête » disait Pascal. Dans la suite du roman Jude devra à d'autres occasions surmonter les difficultés qu'il rencontrera tout en conservant ses ambitions intellectuelles. Il trouvera notamment à ses côtés une jeune femme avec qui il aura une passion amoureuse plus forte et plus entière, plus sincère aussi en la personne de Sue qui partage elle aussi ses caractéristiques intellectuelles alors qu'Arabella n'avait rien en commun avec Jude. [...]
[...] Arabella Don est en effet décrite comme ayant « une poitrine rebondie, des lèvres épaisses ». Elle est même animalisée « femelle complète et bien en chair ». On remarque c'est un morceau de vessie de porc qu'elle lui jette au visage, peut-être pour l'humilier en lui lançant une partie un peu « honteuse » de l'animal, peut-être parce que c'est une partie qui ne sert pas à grand chose. Cette scène peut donc à première vue apparaître comme une scène banale où des jeunes filles vont chercher à s'amuser avec un jeune homme d'apparence naïve ou à chercher son attention. [...]
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