Commentaire, composé, extrait, Education, Sentimentale, Flaubert, seconde, partie, chapitre, 6
L'Education sentimentale ou le parcours initiatique amoureux d'un jeune homme. Publié en 1869, le roman de Flaubert met en scène Frédéric, qui apparaît dès l'incipit prêt à suivre le chemin de l'initiation. Mais, cette découverte sera celle des sentiments, marqués par la rencontre, dès le début du roman, avec celle qui constituera l'idéal de toute une vie : Mme Arnoux. Comme le titre choisi par Flaubert l'indique, l'intrigue de l'histoire sera essentiellement empreinte de ce cheminement des sentiments, notamment rythmée par l'idéal qu'incarnera tout au long Mme Arnoux pour Frédéric. Ainsi, Frédéric s'inscrit en dehors du contexte historique dans lequel le roman se situe. Flaubert s'inspirant de lui-même et de ses expériences de jeunesse, pour faire vivre Frédéric, il lui confère une position d'antihéros : il est le personnage qui ne s'inscrit pas dans l'histoire, un personnage qui se laisse agir, plus qu'il n'agit. Bercé par ses illusions, ses rêves et son sentimentalisme, Frédéric échappe aux événements de son siècle, qui se bousculent sous ses yeux. Dans le passage que nous allons étudier, qui marque la fin du sixième chapitre, de la seconde partie du roman, notre protagoniste décide de se venger de Mme Arnoux. Précédemment, ces deux derniers se sont retrouvés et avoués leur amour par un baiser. Frédéric, déterminé, prend les devants et propose un rendez-vous, dans un hôtel de la rue Tronchet, à Mme Arnoux, afin d'officialiser cette liaison. Malgré son approbation initiale, cette dernière ne se rend pas au rendez-vous et reste au chevet de son enfant malade : elle voit alors cette maladie comme un mauvais augure se poser sur cet adultère. Frédéric, de son côté, est rongé par la colère et par dépit, décide de rendre visite à Rosanette et fait d'elle sa maîtresse. A côté de l'intrigue amoureuse, se joue également l'intrigue historique : nous sommes en plein dans le Paris de la Révolution de février 1848. L'histoire politique est donc en effervescence, puisque cette révolution marque la fin de la Monarchie de Juillet.
[...] L'extrait reflète bien cette instabilité de Frédéric qui perdure dans le roman. En effet, il est toujours dans la compromission amoureuse : il jongle avec les femmes, mais toujours au moment où le monde politique est bousculé. Frédéric s'inscrit hors de l'intrigue historique et politique : il ne prend jamais parti aux évènements, il échappe à l'Histoire. Comme nous l'avons vu, les évènements historiques, ici, ne sont même pas rapportés du point de vue de Frédéric, mais d'un point de vue externe. [...]
[...] Il semble également sensible au souvenir de son échec, causé par la nuit passée à l'hôtel de la rue Tronchet : Vers une heure, elle fut réveillée par des roulements lointains ; et elle le vit qui sanglotait, la tête enfoncée dans l'oreiller. (Ligne 79 à 81). Ainsi, nous pouvons bien constater l'importance des émotions et passions dans un passage qui donne la première place à l'intrigue sentimentale. Dans ce passage, poussé par la colère de l'échec sentimental avec Mme Arnoux, Frédéric se rend chez Rosanette et entame une liaison avec celle-ci. La scène nous présente donc une idylle naissante. Nous pouvons constater tout un contexte favorable à la liaison amoureuse, et qui va guider le choix de Frédéric. [...]
[...] Frédéric est donc, par son instabilité, la meilleure représentation de son époque, une époque qui n'a pas su trouver son équilibre politique. On pourrait ainsi se demander si les échecs politiques consécutifs ne sont pas les mauvais guides, qui conduisent Frédéric à un échec total à la fin du roman qui finit par s'essouffler, où le Second Empire s'effrite lui aussi, moment ainsi propice au bilan, qui clôture le roman. D'ailleurs, ironiquement, et sans le savoir, Flaubert achève le roman avant un régime politique, qui, lui, durera : la troisième république. [...]
[...] George Sand, dans une critique de L'Education sentimentale, publiée dans La Liberté, le 21 décembre 1869, note sur Frédéric : Son héros est, par un point essentiel, semblable au milieu qu'il traverse ; il est tour à tour trop au-dessus ou trop au-dessous de son aspiration. Il la quitte et la reprend pour la perdre encore. Il conçoit un idéal et ne le saisit jamais ; la réalité l'empoigne et le roule sans pouvoir l'abrutir. Il ne trouve pas son courant, et s'épuise à ne pas agir. [...]
[...] On constate ainsi un contexte favorable à l'union des amants. Le rire et la joie tiennent leur importance dans ce passage avec un contexte gai : L'agitation de la grande ville le rendait gai (Lignes 14/15) ou Tout le monde était en joie (Ligne 45). Le bonheur semble donc présent dans cette scène favorisant un amour naissant. Le seul facteur qui vient placer cette relation sous de mauvais hospices est l'omniprésence de Mme Arnoux aux actions de Frédéric, omniprésence qui le rend fortement instable. [...]
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