Oedipe-roi, sophocle, dénouement, commentaire composé, explication de texte, tragique, catharsis, hybris, daimon, pharmakos, hypotypose, vernant, romilly, aristote, laios, jocaste, pasolini, cocteau
Ce commentaire composé (3 grandes parties de 3 à 4 sous-parties chacune) se veut exhaustif. Il s'appuie sur une analyse stylistique du texte. Il fait aussi bien appel aux remarques éclairantes des spécialistes de la tragédie antique (Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly...) qu'aux artistes contemporains (Cocteau, Pasolini...).
Aperçu de l'introduction :
À la fin de la pièce, la machine infernale a accompli son oeuvre. Péripétie et reconnaissance viennent de se produire : Oedipe sait à présent qu'il a commis le parricide et l'inceste. Il s'est rué dans le palais, là même où Jocaste s'est retirée peu de temps auparavant, non pas pour « bouder » (Cocteau) ou par peur d'une mésalliance, comme il l'a d'abord cru, mais pour se pendre. Va-t-il se suicider à son tour ?
Le passage étudié comprend le dernier stasimon (morceau lyrique chanté par le choeur) et le début de l'exodos, dénouement annonçant la sortie du choeur. Trois temps principaux le composent. Tout d'abord, le chant du choeur déplore le néant de la vie humaine et chante son horreur face au cruel destin de l'homme aux pieds enflés. Puis, survient le messager du palais, messager de la catastrophe (au sens étymologique : « coup de théâtre, dénouement »). Il fait le long récit de la mort de Jocaste et de l'automutilation d'Oedipe. Remarquable hypotypose, la longue tirade permet le respect de ce que l'on pourrait nommer les « bienséances externes », la tragédie grecque n'admettant aucune représentation terriblement choquante. Enfin, apparaît de manière spectaculaire le roi aveugle concentrant sur lui tous les regards.
[...] Ensuite, la spectaculaire entrée d'Œdipe, la face sanglante, joue également un grand rôle. Elle est préparée par un exemple a fortiori. Le messager annonce au chœur qu'il va voir « un spectacle qui apitoierait même un ennemi ». Ainsi, si même un ennemi, emblème des êtres impassibles et cruels, serait touché à la seule vue d'Oedipe, à plus forte raison le chœur et le spectateur ne peuvent alors qu'être profondément bouleversés. La violence sous-jacente du récit devient patente. L'opposition entre cette apparition et celle du prologue, où il était attendu en sauveur, est saisissante. [...]
[...] Ceci est visible grâce à de nombreuses antithèses. Un lexique fortement mélioratif rappelle la gloire passée du roi qui jouissait « d'une fortune et d'un bonheur complets », de tous les « honneurs les plus hauts » et était comparé à un « rempart ». Il contraste nettement avec le vocabulaire axiologiquement négatif le peignant comme « l'exécrable fléau, le maudit entre les maudits, l'homme qui parmi les hommes est le plus abhorré des dieux ». Les superlatifs se font écho : Œdipe est passé du haut prestigieux de « jadis » au bas dégradant et humiliant d' « aujourd'hui ». [...]
[...] Cette idée de purification est terriblement soulignée par l'hyperbole de la « noire averse de grêle et de sang ». S'esquisse alors l'image d'un sacrifice nécessaire pour que la peste disparaisse. Ainsi ce passage est-il ancré dans la réalité, dans l'actualité pour mieux toucher les hommes. Peut-être peut-on voir en filigrane un indice de l'instabilité, de la fragilité de la vie humaine, Œdipe passant rapidement de la figure du héros salvateur à celle de l'exclu. Il emploie deux fois le terme « amis » (en grec philos). Ce n'est plus Jocaste mais le chœur qui est son dernier soutien. [...]
[...] De plus, dans Edipo Re de Pasolini, le prologue et l'épilogue se déroulent dans le monde moderne, sans doute pour suggérer que l'histoire d'Œdipe est universelle, que ses thèmes sont éternels et donc actuels. Pour conclure, Sophocle parvient contre toute attente à valoriser Œdipe dans cette tragédie parfaitement composée, selon Aristote. Pour cela, il fait du roi aux pieds enflés un personnage à deux visages inséparables quoique diamétralement opposés. Il est en effet conjointement pur et impur, héros et pharmakos. N'est-ce pas là le reflet de la condition humaine ? [...]
[...] En quoi ce dénouement tragique valorise-t-il Œdipe, image de la condition humaine ? D'une part, ce texte peut être vu comme le modèle absolu d'un dénouement de tragédie. D'autre part, les châtiments participent contre toute attente de la grandeur des personnages. Plus encore, Œdipe incarne peut-être ici le parangon de l'homme tragique et même de la condition humaine. I. Ce texte peut premièrement être analysé comme le modèle d'un dénouement de tragédie, si l'on se réfère aux préceptes d'Aristote, dans sa Poétique. [...]
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