Dans la préface de Phèdre, Racine avoue lui-même s'être inspiré d'un auteur de l'Antiquité grecque. On retrouve cet aveu dans les premiers mots de la préface de sa pièce « Voici encore une tragédie dont le sujet est pris d'Euripide ». Ainsi Racine s'inspira de la pièce intitulée « Hippolyte » d'Euripide pour écrire sa « Phèdre ».
Il parait important de noter que ces deux extraits possèdent de nombreuses similitudes tant au niveau du thème en lui-même puisqu'il s'en est inspiré directement qu'au niveau des paroles des personnages. On peut cependant remarquer qu'il y a des différences entre les deux versions, Racine a ainsi adapté la pièce de l'auteur grecque et nous la fait redécouvrir à travers un regard nouveau et quelque peu différent.
Ce rapprochement entre deux extraits inspirés du mythe de Phèdre et Hippolyte nous conduit à nous interroger sur le mot ou le terme qui conviendrait le mieux pour qualifier l'œuvre de Racine.
[...] C'est pourquoi cette pièce n'est à mes yeux, ni un plagiat, ni imitation, peut être un peu un emprunt mais tout simplement une réécriture au sens propre du mot. Si le personnage du prologue de l'Antigone d'Anouilh disait La tragédie, c'est reposant, c'est sûr cette réécriture de Racine n'en reste pas moins surprenante malgré une histoire déjà bien connue du public. La nouvelle version de Racine ainsi que les nombreuses autres réécritures qu'il existe de divers mythes et légendes nous amène à nous demander si la tragédie n'est pas un effort vain, dans le but de trouver un véritable sens au malheur de la condition humaine ? [...]
[...] La formulation des répliques reste assez similaire avec notamment des mots tels que troisième/dernière, je péris/je meurs, ou encore infortunée/misérable. Le comportement de la nourrice est quasi identique dans les deux extraits. On peut noter qu'elle semble choquée par le fait que Phèdre prononce de telles paroles vis-à-vis de sa mère et de sa sœur comme le montrent les paroles Ma fille que fais-tu ? Tu outrages les tiens ? (l. et Que faites-vous Madame ? et quel mortel ennui contre tout votre sang vous anime aujourd'hui ? [...]
[...] Commentaire comparé des textes de Racine et d'Euripide : extraits de l'acte scène 3 de Phèdre et vers 338 à 354 d'Hippolyte La littérature de l'Antiquité fut pour beaucoup de grands écrivains une source d'inspiration absolue et elle l'est encore aujourd'hui. Les écrivains classiques du XVIIe siècle étaient admiratifs face aux œuvres antiques, c'est pourquoi ils les réutilisent et les redécouvrent dans leurs propres écrits. Racine qui reste de nos jours encore l'un des plus grands dramaturges de l'époque n'échappa pas à la tradition de la réécriture. [...]
[...] alors que dans la version d'Euripide elle semble s'étonner et ne comprends pas où Phèdre veut en venir en parlant ainsi de sa mère ou bien que veux-tu dire ? (l.3-4). Lorsque Phèdre aborde son destin à elle, la fatalité, elle ne cite par non plus le nom de la déesse de l'amour C'est de ce passé-là, et non d'hier, que date mon malheur une déesse pourtant si importante dans la pièce de Racine, car elle est la responsable du malheur de Phèdre puisqu'elle a jeté une malédiction pour se venger de sa famille, condamnant ainsi la descendance du Soleil à des amours douloureux Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable Je péris la dernière et la plus misérable (l. [...]
[...] Racine à travers sa plume réactualisée le mythe de Phèdre et d'Hippolyte. Il à sa manière, permis à une légende de traverser le temps. Il lui a donné un caractère intemporel et a apporté à ce mythe quelque chose de nouveau, une nouvelle vision très différente de celle d'Euripide, avec des dieux beaucoup plus présents et un Hippolyte qui ne se voit pas accusé de viol, mais seulement d'aimer. Racine reprend et s'approprie le texte à l'instar d'Euripide dans le but de l'améliorer et de lui apporter quelque chose de plus. [...]
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