Commentaire comparé, Ma'rûf le savetier, Mille et une nuits, Le Chat Botté, Charles Perrault, utilisation du mensonge, le merveilleux
« Ma'rûf le savetier » et « Le Chat Botté » sont deux contes qui mettent en scène le mensonge. Dans « Ma'rûf le savetier », il apparait comme le moyen pour un marchand harcelé par sa femme de refaire sa vie, de repartir à zéro. Dans « Le Chat Botté » de façon presque similaire, il permet à un jeune homme lésé par un maigre héritage d'échapper à une mort presque certaine. Ainsi dans les deux cas, le mensonge semble aider les protagonistes à échapper à une fatalité, il les aide à survivre. L'utilisation du mensonge malgré la fin qu'il sert invite tout de même à se poser quelques questions sur sa nature.
[...] Aussi, la moralité des personnages ne suffit à juger de la moralité du conte. Ce conte semble mettre en scène des personnages, sans clairement se soucier de leur aspect moral. Le Chat Botté œuvre pour aider un jeune homme désœuvré, proche de la mort. Cette action est louable. Il use du mensonge officieux*, de la manipulation, menace promptement des paysans pour qu'ils jouent la comédie, tue un ogre pour lui voler son château. Cela est discutable. Aurait-il tué ces paysans ? Impossible de le savoir. [...]
[...] Certes, mais il s'agit de mesurer ses actions ensuite. Ma'rûf en fera les frais. Ainsi l'intention première est louable, mais les risques encourus, la légèreté avec laquelle Ali en fait part à Ma'rûf, la confiance qu'il a en lui, est blâmable. Ainsi le mensonge dont il a usé pour refaire sa vie est officieux dans la mesure où la fin n'a été préjudiciable pour quiconque. Seule l'erreur d'en faire part à Ma'rûf semble ternir son image. Ma'rûf est acteur et victime du mensonge. [...]
[...] Dans ce dernier cas, son mensonge ne serait plus intentionnel, mais maladif et donc d'une certaine façon morale. Mais ce serait oublié la présence du merveilleux qui relativise le mensonge. (Nous verrons cela dans la troisième partie.) En suivant le récit, nous savons que le mensonge doit se poursuivre, que Ma'rûf est obligé de continuer à jouer la comédie sous peine de mort. Nous pouvons aussi émettre l'hypothèse qu'à ce moment donné de l'histoire Ma'rûf s'en remet à son destin. [...]
[...] Le Roi permet au mensonge de Ma'rûf de se perpétuer, et ce n'est qu'avec les conseils du Vizir qu'il y mettra fin. Il est malgré lui celui qui permet au mensonge de se perpétuer, entrainant ainsi Ma'rûf à poursuivre ses actions. La princesse ment pour sauver son mari, et ce au détriment de son père. Elle est pragmatique, sous le joug d'une loi du mariage et aussi de son image publique. Son mensonge parait légitime. Il est en partie un mensonge officieux*, dans la mesure où il permet d'aider Ma'rûf, mais il nuit au père qui continue de croire que l'argent finira par arrivée. [...]
[...] Après l'aide du génie, un goût étrange de mensonge effacé perdure. Même si tout semble aller pour le mieux pour Ma'rûf, le lecteur sait que l'illusion peut disparaitre. Et il a raison, car le Vizir fera payer Ma'rûf, comme pour lui rappeler la réalité. Nous remarquons que le merveilleux et le mensonge s'interpénètrent. D'une façon vivante, le mensonge appelle par nécessité le merveilleux afin de se poursuivre, de se transformer ; ou le merveilleux permet de créer un monde où le mensonge peut s'épanouir. [...]
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