Commentaire comparé, oeuvres littéraires, système totalitaire, objet littéraire, Psychologie des foules, Gustave Le Bon, Discours de la servitude volontaire, La Boétie, Georges Orwell, 1984, La toile d'araignée, Joseph Roth, nazisme, manipulation des masses, résistance
Malgré l'évidence de ses crimes, le fait que le régime totalitaire se soit appuyé sur ses masses est profondément troublant, nous disait Hannah Arendt en 1950 dans "Les Origines du totalitarisme". Il est vrai que dans "Psychologie des foules", paru en 1895, Gustave Le Bon porte un regard cruel sur les masses. À la manière de La Boétie, il condamne le caractère manipulable des foules. Cette oeuvre aura une influence considérable sur le futur : Hitler, Mussolini, Staline en auraient détourné les principes. Mais notons que d'autres non-adeptes du totalitarisme s'en sont inspirés : de Gaulle, Clemenceau et encore Churchill.
[...] Si la nature totalitaire n'est pas établie à la naissance, alors il s'agira de la renier. Theodor y parvient d'une main de maître, en se livrant aux abus sexuels du prince et de Klitsche, si le prince est le premier à lui arracher cette partie de lui avec une image bestiale « Le prince planta ses dents dans la chair de Theodor. » (p.27), avec Klitsche cela devient presque un détail, l'événement est passé avec une vitesse qui contraste avec la cruauté de l'acte. [...]
[...] Il aime Big Brother. » Pour conclure, le régime totalitaire puise sa force dans l'adhésion des masses à sa doctrine. Sans cet appui, il n'est qu'un colosse qui s'effondre comme le suggère la Boétie à la fin de son ouvrage. En détournant les sentiments humains dans ce qu'ils ont de pire, de par l'exagération massive des sentiments de l'amour à la peur, le système totalitaire s'attaque à l'humain en soi. Et bientôt la liberté individuelle est bafouée au nom d'une liberté collective illusoire, transformant chaque homme en la copie exemplaire de l'autre, sans force ni volonté. [...]
[...] Joseph Roth illustre ce phénomène en nous montrant un Theodor pourtant aimable avec Gunther et Klitsche qui finira par dénoncer l'un, puis assassiner l'autre. L'auteur fait évidemment ici un parallèle avec la montée du nazisme de son époque, où les dénonciations commencent à aller bon train afin de monter au sein du parti nazi. Son antihéros, en accumulant les bassesses, finit bientôt par être transporté par sa propre voix. Nous illustrerons ici sa voix comme étant le symbole de l'organisation. Il en vient à être consumé par celui-ci, n'étant plus un individu, mais devenant « la tête dirigeante » (p. 211). [...]
[...] Des mots, des souvenirs surgissent. C'est pertinent de sens pour un écrivain, d'utiliser les mots comme libération, et témoigne là de sa volonté à romancer son propos pour qu'il soit compris de chaque lecteur. Lorsque les mots ne sont plus suffisants, ce sont les sens qui récupèrent le rôle de réveiller Winston de la torpeur dans laquelle le Parti l'a plongé. Avec le goût du vrai chocolat, la vue de feuillages qui ressemblent à une chevelure de femme, le chant d'une grive, Orwell parvient à faire remonter des souvenirs d'enfance et à ainsi rapprocher Winston du caractère unique de son humanité. [...]
[...] Un monde que le lecteur ne peut nier de par l'usage du présent. Orwell nous donne le ton, le monde est ainsi, ne vous attendez pas à une fin heureuse. Cela s'oppose à l'idéal promis par chaque système totalitaire. C'est toujours le même adage, nous ne reproduirons pas les erreurs du passé. Misez sur nous, nous rendrons le monde meilleur. Cela, Roth la comprit, lorsqu'il nous introduit Theodor Lohse comme étant un homme qui dépassa toutes espérances. La Boétie quant à lui, tire des leçons du passé, pour expliquer le présent. [...]
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