Problématique : Comment la représentation de l'indécision douloureuse de Cinna et des conflits qu'ils engendrent avec son ami (Maxime) et son amour (Emilie) le réhabilite-t-ils en héros ? Ce analyse détaillée de l'acte III de Cinna est d'un très bon niveau. Elle a été faite en classe préparatoire. Elle vous aidera à obtenir une très bonne note.
[...] La perspective d'abattre un « tyran » rend les actions perfides glorieuses, nobles, généreuses. Les alliances de mots antithétiques martèlent le caractère osé et paradoxal de cette conception dans la réplique d'Emilie: gloire / ignominie, perfidie / noble, ingrats / généreux. Que ce soit contre Emilie (de manière directe) ou contre Maxime (par ironie dramatique), Cinna s'oppose vaillamment mais impuissamment à une conjuration minée par les intérêts privés. On a vu que Le supplice du remord vécu par Cinna est en quelques sorte complété par celui de la cruauté d'Emilie. [...]
[...] Conclusion Ces trois scènes que nous commentons nous apprennent que Cinna n'est pas un traitre comme les autres. C'est un traitre trahi et C'est un traitre condamné qui entend racheter sa traitrise. Ce cœur de la pièce et le centre de l'acte III, est composé d'un triptyque du dilemme construit sur une tension paroxystique qui aboutit a une décision extrême, celui d'obéir à son serment, et d'en assumer les conséquences en se donnant ensuite la mort. La décision de Cinna a été interprétée de deux manières opposées : selon Doubrovsky, Cinna va consommer son esclavage amoureux en tuant, puis se tuer pour recouvrer la liberté ; mais cette « solution », loin de briser sa dépendance, la souligne, car il laisse décider de soi par autrui, comme Auguste, et abdique aux mains d'une femme ayant des valeurs opposées aux siennes. [...]
[...] L'observation des ruptures hautement pathétique au sein des duos Cinna/Maxime et Cinna/Emilie sera justement l'objet de notre deuxième partie. Des duos pathétiques, ruptures et désunions. L'écartèlement de Cinna entre l'intérêt de Rome et celui d'Emilie est doublé dans ce passage d'un dispositif qui le confronte successivement aux deux autres jeunes gens de la pièce, son ami (sc2) et son amante avec lesquels une désunion est rendue flagrante. Le dialogue avec Emilie est significatif à ce titre parce qu'il comporte à la fois les signes de déclarations d'amour, et ceux de la rupture amour. [...]
[...] Cinna fait de la générosité un valeur de tout premier ordre. Générosité d'Auguste relevée à la p81 « Cette bonté d'Auguste », « l'amour qu'il a pour vous » (p82) et que Cinna tente de faire comprendre à Emilie. Il désigne à mots voilés les torts de son amante dans sa réplique de la p82 : « indigne courroux », « ingrate », « perfide » « infamie » . Sans l'accuser directement, il tente de lui montrer son erreur de jugement à travers l'évocation de la conduite que devrait avoir « une âme généreuse ». [...]
[...] Elle s'élève alors contre le pouvoir d'Auguste, non pas en un discours de théorie politique directe mais dans un reproche qui est lié à l'intrigue de la pièce : « Et ton esprit crédule ose s'imaginer Qu'Auguste, pouvant tout, peut aussi me donner » (81). Émilie rappelle souvent les valeurs de la république romaine : ce sont celles de la liberté, et la haine des rois. Pour elle, la « générosité d'un romain» n'est pas compatible avec l'allégeance à un monarque. Elle fait sienne l'ambition du citoyen romain de « vivre sans maître » elle a une toute autre idée que Cinna de la fierté romaine. Le nom de Rome résonne très fortement sur la scène du théâtre tragique. [...]
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