[...] Tout d'abord on constate que le champ lexical de la vision est extrêmement développé dans ce texte: "voir" (répété cinq fois), "aperçue", "regard" (deux fois), "yeux", "contempler", "aperçoit". On peut remarquer que ces termes s'appliquent en majorité à Fabrice, mais qu'il y a déjà une sorte d'échange dans leur répartition: "le regard fixé" (Clélia) / "mes regards" (Fabrice); "elle ne croyait point être aperçue" / "si elle savait que je l'aperçois".
[...] Les deux héros sont séparés par l' "immense abat-jour". Celui-ci est mentionné plus de quatre fois dans le texte. Il est symbole de l'emprisonnement de Fabrice et de l'interdit porté sur Clélia, puisqu'elle est la fille du gouverneur de la prison. Mais, comme toujours chez Stendhal, la prison n'est qu'extérieure et n'empêche pas le bonheur du prisonnier
[...] Stendhal évoque ici l'attirance des deux êtres l'un vers l'autre, sentiment encore très pudique, et même inconnu pour la jeune fille. Dès cet instant se met en place l' "entreprise de Fabrice". La narration transforme en exploit quasi chevaleresque le projet de Fabrice : le héros doit montrer courage et persévérance (une nuit d'effort) pour obtenir de voir sa dame. Le monologue intérieur souligne ce que risque le héros : il s'ouvre sur le mot "imprudence", évoque les dangers avec deux interrogatives, puis y répond de façon de plus en plus exaltée (...)
[...] Commentaire Littéraire : Stendhal "La Chartreuse de Parme",1839 (2ème livre au chapitre XVIII) Extrait : "Le soir de ce jour où il n'avait pas vu sa jolie voisine, il eut une grande idée : avec la croix de fer du chapelet que l'on distribue à tous les prisonniers à leur entrée en prison, il commença, et avec succès, à percer l'abat-jour."C'est peut-être une imprudence, se dit-il avant de commencer. Les menuisiers n'ont-ils pas dit devant moi que, dès demain, ils seront remplacés par les ouvriers peintres ? Que diront ceux-ci s'ils trouvent l'abat-jour de la fenêtre percé ? Mais si je ne commets cette imprudence, demain je ne puis la voir. Quoi ! par ma faute je resterais un jour sans la voir ! et encore quand elle m'a quitté fâchée ! [...]
[...] ) : pendant qu'elle regardait tristement l'immense abat-jour, il parvint à faire passer un petit morceau de fil de fer par l'ouverture que la croix de fer avait pratiquée, et il lui fit des signes qu'elle comprit évidemment du moins dans ce sens qu'ils voulaient dire : je suis là et je vous vois" Introduction : "La Chartreuse de Parme" est un roman de l'écrivain français Stendhal, de son vrai nom Marie-Henri Beyle (1783-1842). Stendhal aime montrer dans ses romans des êtres jeunes et purs, découvrant le sentiment amoureux. [...]
[...] Le narrateur répète quasiment la même expression à deux phrases d'intervalle : "elle resta longtemps immobile et le regard fixé sur cet immense abat-jour" en opposition avec" pour rester des minutes entières immobile à contempler la fenêtre". Mais l'échange proprement dit reste néanmoins impossible. Si, au centre de l'extrait, nous trouvons l'expression "il eut tout le temps de lire dans ses yeux", cette lecture reste à sens unique : le regard de Clélia bute désespérément sur l'obstacle regard foxé sur cet immense abat-jour"). De plus le bonheur de la contemplation se change à la fin du texte en frustration. [...]
[...] Dès cet instant se met en place "entreprise de Fabrice". La narration transforme en exploit quasi chevaleresque le projet de Fabrice : le héros doit montrer courage et persévérance (une nuit d'effort) pour obtenir de voir sa dame. Le monologue intérieur souligne ce que risque le héros : il s'ouvre sur le mot "imprudence", évoque les dangers avec deux interrogatives, puis y répond de façon de plus en plus exaltée ("demain je ne puis la voir" / "quoi! par ma faute je resterais un jour sans la voir!"). [...]
[...] Le danger ne tient pas longtemps dans la conscience de Fabrice face au désir de "la voir". Viens ensuite le moment de bonheur de Fabrice. On sait l'importance de la quête du bonheur chez Stendhal: il s'agit souvent d'un moment de grâce où le héros, indépendamment des circonstances extérieures, se sent en accord avec lui-même, avec l'autre. C'est ce qui se passe ici où Fabrice, qu'il ressent pour Clélia et à là de voir que son amour est partagé: "par excès de bonheur, ( . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture