Littérature, Carmen, Prosper Mérimée
Ce court passage de la nouvelle Carmen, écrite par Prosper Mérimée en 1845, est un extrait du récit enchâssé à l'histoire initiale. Don José, a rencontré la jeune bohémienne Carmen, et devient, par sa faute, bandit. Avant d'être exécuté à mort, il souhaite raconter leur histoire au narrateur : aussi bien de quelle façon ils se sont rencontrés, puis aimés que les circonstances dans lesquelles don José a assassiné Carmen. De fait, elle affirme ne plus l'aimer, et, malgré toutes ses implorations pour la convaincre de prendre un nouveau départ, elle refuse de suivre son ancien « rom ».
Avant même les premières lignes de ce passage, le lecteur devine que le meurtre de Carmen va avoir lieu. Pourtant, il est surpris par l'attitude et les réactions des personnages. Nous allons donc étudier les différents aspects de cet assassinat.
[...] Ainsi, il essaye de soulager sa conscience, reporter la faute sur Carmen en insistant sur le fait qu'elle avait le choix. De même, don José parle de son acte avec toujours autant d'émotion, de passion. En effet, il n'a en aucun cas oublié Carmen. À ça s'ajoute l'arme qu'a choisi d'utiliser don José, c'est-à-dire le couteau ; symbole du crime passionnel. Ce crime possède donc de nombreux aspects d'un crime passionnel. Néanmoins, d'autres éléments peuvent nous permettre d'affirmer que ce meurtre n'était peut-être qu'un simple aboutissement, un meurtre fatidique : une fatalité. [...]
[...] En effet, les gestes qu'il nous détaille sont, à chaque proposition plus étoffés de sens : il s'humilie dès lors qu'il s'agenouille devant elle, pour ensuite lui prendre avec passion les mains ; mais, toutes ces attentions ne suffisent pas et Carmen est toujours aussi méprisante. Par conséquent, il se met à pleurer, tellement qu'il dit « [arroser] » les mains de Carmen. L'emploi de ce verbe traduit une forte abondance de larmes et donc un fort désespoir. Par ailleurs, la ponctuation brève qui lie les propositions entre elles donne une certaine rapidité au déroulement des actions, et met donc en évidence la panique de don José. Comme mentionné plus tôt, don José est désespéré. Ceci est dû à l'impressionnante détermination de Carmen. [...]
[...] De plus, et malgré les siècles passés depuis sa parution, la nouvelle est d'une grande modernité. En effet, le mythe de la « femme libre » est toujours d'actualité. Ainsi, les femmes tout comme les hommes de notre temps devraient considérer, à sa juste valeur, le choix de vie de Carmen et ses principes. [...]
[...] On peut donc en déduire qu'il avait déjà dans l'idée un futur meurtre, puisqu'il avait de suite remplacé son couteau hors d'usage et emmené un autre sur lui, prêt à servir. La conclusion du meurtre prémédité semble donc être la plus évidente. Pourtant cet homicide a aussi certains aspects d'un crime passionnel. Il est vrai que l'élément déclencheur est le fait que Carmen ait jeté sa bague. On peut donc supposer que le geste de don José est dû à l'arrogance de Carmen. C'est donc un accès de colère, des coups fanatiques. [...]
[...] Calli elle est née, Calli elle mourra ». Elle reste donc fidèle à ses principes, croyances et traditions : en choisissant la mort, elle a choisi la liberté et c'est par là qu'elle a remporté son duel, puisque c'est un don José complètement anéanti qu'elle laisse derrière elle. C'est d'ailleurs en prison, et, rappelons-le, peu de temps avant sa mise à mort que don José témoigne de son histoire au narrateur. Ainsi, au lieu de tirer satisfaction de son crime il en est, au contraire, encore plus abattu. [...]
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