Une vie mécanique, un meurtre mécanique, un procès mécanique... Telle est la vie de Meursault, le narrateur de L'Etranger, roman écrit par Albert Camus et publié en 1942. Cet extrait est l'aboutissement d'un parcours placé sous le signe de l'absurde : de l'ennui pesant au meurtre machinal, il n'y avait qu'un pas, que Meursault a franchi sans se poser de questions. Pourtant, dans la cellule, vient le temps du questionnement intérieur tant attendu par le lecteur depuis l'ouverture du roman.
[...] Le discours indirect libre, très présent dans l'extrait, nous fait entendre les paroles de Meursault face à l'aumônier : c'est la voix de la révolte.
Champ lexical du cri, de la révolte : « crier à plein gosier » (l.2), « j'ai insulté » (l.3), « je déversais sur lui tout le fond de mon coeur » (l.4 ; normalement, on déverse sa haine contre quelqu'un), le mot « colère » qui ponctue cette même phrase, « j'étouffais en criant tout ceci » (l.45).
[...] Meursault affirme une certitude : répétition de l'adjectif « sûr » : « j'étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir » (l.10) ; adverbe affirmatif : « oui » (l.12).
Cette certitude, c'est celle de l'absurdité de la vie : tout se vaut : « il n'y avait que des privilégiés » (l.33) ; anaphore de « que m'importait » (à partir de la ligne 27) ; « rien, rien n'avait d'importance » (l.20). (...)
[...] De plus, on voit bien à ce moment-là du passage que l'aumônier se tait : il m'a regardé en silence (l.48). Les deux personnages n'ont absolument pas la même logique, le dialogue est impossible entre eux. L'angoisse face à la mort : Meursault sent l'imminence de la mort : cette mort qui allait venir (l.11 Futur proche + démonstratif), cette minute et cette petite aube (l.19), cette vie absurde que j'avais menée (l.22 Démonstratif + plus-que-parfait donnant l'idée que tout est terminé) Un cri tragique Le discours indirect libre, très présent dans l'extrait, nous fait entendre les paroles de Meursault face à l'aumônier : c'est la voix de la révolte. [...]
[...] Le bonheur de cette fin de roman, c'est la participation au monde qui le procure. [...]
[...] Le nouveau Meursault : un héro métamorphosé A la fin du roman, Meursault est un héro profondément transformé ; sa révolte a été pour lui l'occasion d'une véritable libération, d'une purgation (voir Il dispose désormais de facultés d'analyse inédites : pour la première fois, il affirme ses pensées, ses sentiments, les explique. Il n'est plus le jouet des événements, mais il prend en main son destin. Il a donc une nouvelle conscience de lui-même (voir II). Il a une nouvelle conscience du temps : dans la quasi-totalité du roman, Meursault a bien du mal à sortir de la sphère du présent, à réfléchir au passé et à envisager l'avenir. [...]
[...] Une remise en cause de toutes les certitudes Pour Meursault, plus aucune vérité ne semble acceptable, plus aucune certitude. Il remet en cause les dogmes religieux. Il est inutile de perdre sa vie à chercher une divinité : Meursault nie la prière, la recherche d'un Dieu je lui ai dit de ne pas prier (l.3)). Face à l'aumônier, Meursault affirme : aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme (l.7). Meursault remet en cause l'ordre social : plus aucune échelle de valeur n'est valable parmi les hommes. Il instaure une parfaite équivalence entre eux. [...]
[...] Meursault remet en cause la définition même de la vie par rapport à la mort. En parlant de l'aumônier, il écrit il n'était pas sûr d'être en vie puisqu'il vivait comme un mort (l.8). Meursault se met à douter de ce que sont la vie et la mort. Il y a dans l'aumônier comme une confusion : il semblerait qu'on puisse être mort et vivant 2. Une seule certitude / vérité : celle de la mort et de l'absurdité de l'existence Meursault affirme une certitude : répétition de l'adjectif sûr : j'étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir (l.10) ; adverbe affirmatif : oui (l.12). [...]
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