« Le joujou du pauvre », titre de ce poème, est extrait du recueil de poèmes en prose intitulé le Spleen de Paris écrit par le poète symboliste Charles Baudelaire et publié à titre posthume en 1869.
[...] D'abord, au substantif « enfant » pour désigner l'enfant riche sont opposés les mots « marmots-parias » (v.13) qui renvoient à la notion d'exclusion sociale. Alors que le poète utilise des adjectifs mélioratifs pour décrire l'enfant riche (v.3 « beau et frais » ; v « si pleins de coquetterie »), il recourt pour l'autre enfant à un lexique péjoratif, dégradant évoquant la pauvreté et la saleté « sale » ; v « petit souillon »). Le contraste entre les deux personnages accentue le déséquilibre entre ces deux mondes. Il se réflète même dans la description et le choix des jouets. [...]
[...] Pourtant nous verrons en troisième et dernière partie que le regard humain et poétique de Baudelaire permet de dépasser la dualité entre ces deux mondes. Deux catégories sociales s'opposent dans ce poème: la société des riches et la société des pauvres. Ce contraste se reflète dans la structure du poème et dans l'écriture poétique. L'opposition des deux mondes est marquée et symbolisée par la grille (v.1 ; v.17 « ces barreaux symboliques »). D'ailleurs, le poète utilise l'expression « deux mondes » (v.17). [...]
[...] Le poète fait le portrait de deux enfants antithétiques qui appartiennent à deux mondes diamétralement opposés, manichéistes. Il choisit la forme d'un apologue pour dépeindre la réalité, ce que nous allons voir en deuxième partie. Le poème se structure à la façon d'un apologue. Nous avons d'abord un récit (jusqu'au vers 22) décrivant à l'imparfait les enfants et leur monde respectif, qui vient illustrer la morale énoncée dans les deux derniers vers du poème. Le récit est lui-même organisé en deux parties. [...]
[...] Baudelaire parvient à voir les enfants tels qu'ils sont, gommant leur appartenance sociale. En définitive, ce poème est construit sur une antithèse, figure rhétorique centrale, opposant le monde des riches et le monde des pauvres. Baudelaire plaide pour une égalité sociale en utilisant la forme d'un apologue qui se termine par une morale implicite. Il replace la vraie richesse qui est celle de l'innoncence de deux enfants. Finalement ce poème explore davantage la nature humaine que le clivage social. Les différences sociales sont dépassées grâce au regard poétique et symbolique du poète. [...]
[...] L'antithèse, figure rhétorique centrale du poème, permet de souligner le fossé entre le monde des riches et celui des pauvres. Les deux derniers vers clôturent le poème sous les traits d'une morale implicite qui nous invite à dépasser les frontières sociales. En effet, bien que tout oppose les deux enfants, ils se rapprochent par l'intermédiaire du « joujou » vivant, le rat du pauvre, pour lequel ils vouent une fascination, et plus particulièrement l'enfant riche comme le montrent les mots « examinait avidement » (v.19). [...]
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