Le commentaire est basé sur la problématique suivante : En quoi Aimé Césaire fait-il du corps une entité paradoxale dans cet extrait ? Dans quelle mesure la conception du corps par Christophe va à l'encontre de son idéologie ? L'absence de puissance physique ne détruit pas le pouvoir du roi Christophe.
[...] Il parvient même à parler de lui à la troisième personne ("Christophe", v. 9). Si le discours de Christophe reflète son autorité, cette-dernière ne peut être que partielle. Une nette dualité âme/corps apparaît par le biais de la description que fait Christophe de sa condition physique. L'"âme" (v. du roi est l'élément qui fera désormais sa grandeur : il devient, en quelque sorte, un cerveau. Les "genoux brisés" de Christophe ne sont en aucun cas un frein à l'efficacité de sa pensée. [...]
[...] Alexandra Tree Commentaire de l'acte 3 (scène de La tragédie du roi Christophe, d'Aimé Césaire La scène 3 de l'acte III de La Tragédie du roi Christophe écrit par le dramaturge Aimé Césaire en 1963 propose une représentation pour le moins hors du commun de la figure du dictateur. En effet, Christophe, roi de la province du Nord d'Haïti, est désormais paralysé. L'image traditionnelle du roi tout-puissant se trouve donc, à première vue, ébranlée. Pourtant, le discours de Christophe semble suggérer que sa condition physique n'a pas pour conséquence la destruction de sa dignité ainsi que de sa puissance. [...]
[...] Une masse de corps doit se substituer au corps de Christophe. Le peuple se doit d'être une force active, presque sans cerveau puisque le cerveau est Christophe. En effet, les sujets ne sont plus que des "membres" (v. 11) du roi, condamnés à agir uniquement, d'où la présence des verbes d'action "butter" (v. 14) et "soutenir" (v. 15). Les interrogations oratoires présentes aux vers 14 et 15 suggèrent que nul ne se risquerait d'aller à l'encontre des "instructions" de Christophe. [...]
[...] Seul le corps du roi est reconnu, malgré ses défauts. Cet extrait de La tragédie du roi Christophe d'Aimé Césaire propose une image controversée de la figure du dirigeant. La conservation de l'autorité ne dépend pas, apparemment, de la condition physique d'un individu. Le roi rêve d'égalité et redoute un retour vers l'esclavage mais instaure lui-même une sorte de relation maître/esclave. Come pour se déresponsabiliser, il accorde une place excessive à la volonté divine dans le destin du peuple. L'intérêt de l'extrait repose sur la défiguration et la désidentification. [...]
[...] Christophe s'adresse à ses sujets ainsi qu'aux Dieux de la même manière, c'est-à-dire par le biais d'une apostrophe en début de vers ("Messieurs" v et "Dieux" v. 23). Ainsi, la séparation entre l'humain et le divin paraît quelque peu floue. D'ailleurs, la peur du divin s'efface, puisque Christophe "ne supplie pas" (v. comme la plupart des individus, il "réclame" (v. 26) en "brandissant" (v. 24) la récade de son peuple. Comme tout roi digne de ce nom, il ne s'encombre pas d'exercices d'humilité. [...]
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