Oh je fus comme fou, Les Contemplations, livre IV, Victor Hugo, 1856, sentiments, deuil, Pauca meae, poésie, famille, mort, XIXe siècle, déni, tragédie, révolte, romantisme, recueil de poèmes, Léopoldine, délire, tristesse, tonalité élégiaque, souffrance, folie
La poésie du XIXe siècle est marquée par le mouvement du romantisme, qui prône l'exaltation du moi et le lien à la nature. Chef de file de ce mouvement, Victor Hugo se trouvait en exil à Guernesey lors de l'écriture du recueil Les Contemplations qui sera publié en 1856. Il est constitué de deux grandes parties, « Autrefois » et « Aujourd'hui », séparées par « un abîme », « le tombeau » de sa fille. Le Livre IV, intitulé « Pauca meae », souligne le désespoir du poète endeuillé suite à la mort de Léopoldine. Avec le poème « Oh ! je fus comme fou », rédigé à Jersey et daté du 9e anniversaire de la mort de Léopoldine, soit en 1852, il exprime les différents sentiments liés au deuil. Dans ces deux strophes en alexandrins et en rimes suivies, séparées par des points de suspension, le « je » poétique s'adresse à tous les endeuillés, ce qui révèle la volonté de l'auteur de rendre son témoignage universel : « vous vivez ce que je vis » (préface).
[...] D'abord, il y a une alternance de ses pensées à travers l'alternance des vers 13 à 16. En effet, le v exprime le déni avec l'emploi de la négation (« elle ne pouvait pas »). Le vers 14, quant à lui, avec l'imparfait de description (« je l'entendais rire ») évoque davantage une hallucination auditive. Le vers 15 évoque à nouveau le déni avec la négation (« c'était impossible ») et l'emploi du subjonctif imparfait à valeur d'irréel (« qu'elle fût morte »). [...]
[...] 12) et surtout soulignée par l'anaphore de la conjonction de subordination « que » sur les 4 vers suivants, cette transition se fait progressivement. On finit par constater des hallucinations évidentes : on retrouve le vocabulaire de la perception (« voir », « entendais », « bruit », « j'écoute »), mais aussi les indications spatiales par les CCL (« en la chambre à côté », « par cette porte », « quelque part », « dans la maison ») qui précisent ses fantasmes. [...]
[...] En conclusion, le poète retrace et exprime les différentes étapes du deuil : tristesse, révolte, déni, et dans son cas, délire. Le poème prend une tonalité élégiaque : il retranscrit dans un chant plaintif ses émotions, la souffrance le conduisant jusqu'à la rupture psychologique et la folie. Il imagine sa fille vivante jusqu'à finir par en être convaincu. Le poète parle de sa propre expérience de la mort, mais il parle en même temps au lecteur, par l'emploi du registre pathétique et l'adresse directe aux parents endeuillés. [...]
[...] On remarque aussi les nombreuses négations (« je n'y croyais pas », « non », « n'était qu'un affreux rêve ») qui montrent son refus de la réalité brutale. Il est donc dans le déni de la mort de sa fille, dont il ne prononce pas le prénom. Même la notion de mort en soi n'est pas nommée : on relève les périphrases indéfinies (« malheurs sans nom », « cette chose horrible », qui forment des euphémismes pour la mort. [...]
[...] Il exprime également le choc qu'il a eu lorsqu'il a appris la terrible nouvelle : aux v.1-2, les passés simples « fus » et « pleurai » sont utilisés pour exprimer l'action, et surtout la réaction, qu'il a eue au moment où il a su que sa fille était morte. Il donne aussi des indications temporelles avec les CCT « dans le premier moment » et « trois jours ». Ainsi, le choc, mis en valeur par la comparaison « comme fou », a été soudain et brutal, mais sa peine a duré plus longuement. [...]
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