Commentaire linéaire du début de l'incipit du Livre de ma mère d'Albert Cohen.
[...] se fichent nos douleurs : par le niveau de langue familier (qui par définition crée une familiarité avec le lecteur) et par l'expression d'une souffrance universelle, le narrateur rejoint l'ensemble des hommes. Tout en exprimant en apparence l'impossibilité paradoxale de partager, de communiquer, cet incipit crée d'emblée une intimité profonde avec le lecteur. Par ces différents moyens, Albert Cohen cherche à captiver vivement le lecteur. nos douleurs : l'œuvre est mise d'emblée sous le signe de la souffrance : souffrance présente ? Souffrance passée ? Souffrance présente en évoquant le passé ? [...]
[...] dans les bruits finissants de la rue : ce n'est pas un complément de moyen (c'est avec des mots qui joue cette fonction), mais un complément de temps ; l'écriture est ainsi présentée comme une activité nocturne (par opposition à l'activité diurne ensuite évoquée). se consoler répété deux fois : insistance sur la fonction consolatrice de l'écriture autobiographique, qui semble dès lors destinée à l'auteur lui-même plutôt qu'au lecteur ; cette entrée en matière semble à nouveau faire peu de cas des lecteurs. Ouverture décidément bien paradoxale. avec des mots : insistance sur le complément de moyen par le rejet en fin de phrase. Albert Cohen souligne le moyen de cette consolation : l'écriture. [...]
[...] Ainsi, lecteur, je suis moimême la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc. De Montaigne, ce premier de mars mille cinq cent quatre-vingt aucuns = certains ; 2. conditions et humeurs = tendances et goûts ; 3. forme naïve = manière d'être spontanée Préambule des Confessions (1765-1770) de Jean-Jacques Rousseau [1712-1778] LIVRE PREMIER Intus, et in cute1 Je forme une entreprise2 qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. [...]
[...] Ce texte se présente comme un tombeau c'est-à-dire une œuvre composée en l'honneur d'un mort admiré et chéri dont la disparition reste toujours cruelle. PLAN DE COMMENTAIRE I. UN PRÉAMBULE PARADOXAL DE BIOGRAPHIE POUR SURPRENDRE LE LECTEUR ET L'INTRODUIRE DANS L'INTIMITÉ DE L'ÉCRITURE A. Un discours complexe (discours général, adresse au lecteur, à la plume) et une œuvre qui s'annonce autant comme une œuvre autobiographique je que biographique elle B. Une habileté rhétorique : feindre d'écarter le lecteur pour mieux l'attirer C. [...]
[...] Oh, le pauvre perdu : lexique caractéristique, tournure exclamative, interjection et allitération en qui soulignent la douleur exprimée ici par le registre pathétique. Cet effet pathétique est renforcé par la métamorphose de l'écrivain en petit enfant, comme l'attestent le terme enfantin répété méchants l'expression enfantine tout roi et l'évocation d'une peur du dehors, fréquente chez les enfants. Cette idée du retour au stade de l'enfant est d'ailleurs corroborée par l'image filée d'une extériorité dangereuse et hostile (l'extérieur est associé à des termes connotés négativement) par opposition à une intériorité réconfortante et protectrice : peur du dehors absence de lien avec l'extérieur téléphone décroché et il se sent tout roi et défendu contre les méchants du dehors métaphore de la sécurité (le roi doublement protégé à l'intérieur du donjon). [...]
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